Magbahagi
Voici notre histoire...
Ce n'est qu'un aurevoir!
Le jour du grand show sonna enfin. On pouvait sentir l’excitation de chacun frémir sur leur visage. Tout le monde était concentré sur sa tâche donnée. Pendant que Damien et Tom s’occupaient des cadeaux des gagnants, Léa et moi nous nous occupions de la logistique du spectacle, et prenions garde de l’avancée sa mise en place que tout se passe bien. Afin de décorer la salle, lea eut l’idée de fabriquer une guirlande maison à l’aide de tissu en papier portant les couleurs du drapeau philippin.
Après des heures de pliage, découpage et assemblage de ces guirlandes nous nous rendons sur le lieu-dit et retrouvons les villageois afin de commencer à disposer l’ensemble des décorations sur la scène.
Lea G avait préparé une surprise au villageois avec un montage photo remémorant nos 4 mois de vie commune. Cependant, il manquait l’outil principal pour projeter celui-ci. Heureusement, le chef du village Aimé chercha une solution au problème. Vient alors Rose, la nièce d’une des titas qui se joigna à nous pour trouver un moyen de projeter la vidéo. Celle-ci connaissait le groupe travaillant pour la mairie du quartier et ramena un rétroprojecteur juste à temps.
Une fois la salle prête, nous nous retrouvons afin de peaufiner nos discours respectifs. Le stress et l’émotion monte peu à peu.
20 heure. Les villageois arrivèrent les uns après les autres au rendez-vous. Nous pouvons remarquer que chacun s’est mis sur son 31. Pour notre part, Damien et Tom se sont vêtit de leur plus belle chemise, Léa d’une belle robe blanche ainsi qu’une touche de maquillage. Nous attendons quelques instants de plus afin que l’ensemble des convives arrivent.
Vient alors l’heure pour nous d’énoncer nos discours. Mamita se chargea de la traduction en tagalog afin que l’ensemble des invités puissent nous comprendre. Un peu hésitant mais excité d’offrir ces jolis mots, Damien ouvra le début des discours avec joie sous de nombreux applaudissement. Nous avons décidé de remercier chacun des familles avec une photo regroupant chacun de nous tous. Par la suite, une rose a été offerte aux Titas qui nous ont particulièrement aidé dans nos projets. Enfin, une belle boite de bricolage à notre hommes à tout faire Richard.
La soirée se poursuivit par des moments d’échanges et de remerciement. Ce fût alors l’heure pour nous d’ouvrir le bal avec notre fameuse chorégraphie sous le rythme de Stromae. Avec plus ou moins de timidité, d’assurance ou d’amusement, tout le monde a présenté son talent sans exception. Chaque passage mérita un tonnerre d’applaudissements de l’ensemble de la salle. Une fois tout le monde passé, un Pancit (sauté de nouille au légumes et poulet) cuisiné par Modesta a été servi en vue de partager un dernier repas tous ensemble… Tout à coup, la mousson revient sans prévenir. Une pluie battante tomba sans interruption alors que nous finissons la soirée. Nous décidons de nous regrouper au milieu de la salle et de cacher les appareils électroniques afin d’éviter au maximum l’eau.
Comme on nous l’avait dit à notre arrivée, les routes du village sont impraticables car la pluie monte jusqu’aux genoux. Nous essayons tant bien que mal de rentrer jusqu’à chez nous avec seulement un parapluie pour nous protéger. Nous avons alors malheureusement vécu notre premier typhon !
Le lendemain, un immense soleil brulant nous réveilla. Nous avons donné rendez-vous à 11 heure sur la place centrale afin de remettre les cadeaux aux gagnants. Et voulant récompenser la motivation de chacun, un cadeau est prévu pour chaque groupe de participant. Pour commencer, une distribution d’affaires scolaires à chaque enfant a été faite. Par la suite, chaque groupe vient se voir remettre son prix. Des places de cinéma pour un groupe de jeunes, un restaurant entre titas, des soins corporelles ont faits des heureux ! Après les remerciements et des échanges autours des prix, chacun retourna à son occupation.
En début d’après-midi nous recevons une invitation de Rose pour un diner philippin. Sa maison se trouvait a deux rues du village. Rose fait partie de la classe riche des Philippines et nous allions le comprendre bientôt. Sous nos regards ébahit, elle nous accueille dans le jardin de son immense demeure. Elle nous raconta les anecdotes de son enfance qu’elle a vécu dans Naic et les années de classe qu’elle fit sous le regard de son institutrice Mamita. Actuellement, elle vit à Paris en tant nourrice pour une famille espagnol. La soirée a été poursuivi par un délicieux plat d’adobo, une recette nouvelle, qui pour ma part est la meilleure que j’ai pu déguster !
Le lendemain, nous nous levons tôt afin préparer la commande du jour et pour pouvoir la livrer à temps. Munies des produits, Modesta, Nelia, Léa G et moi sautons dans un tricycle direction le marché. Arrivée à destination, nous rencontrons notre revendeuse Rose et discutons d’une éventuelle nouvelle commande durabke. Modesta et Nelia prennent leur rôle très à cœur et échangent en tagalog pour être mieux compris
.
Le jour fatidique vint très rapidement. Ce matin-là, l’ambiance du village n’était plus le même… Nous profitons de nos derniers instants pour nous remémorer de nos souvenirs communs. Modesta nous offrit, à chacun de nous un souvenir personnel. Timidement, je m’avance vers elle pour lui poser une question qui me trottait depuis bien longtemps : que pensais-tu de nous lors de notre arrivée au village ? Amusée, elle me retorqua rapidement d’un simple : Vous êtes bien plus accueillant et souriant aujourd’hui !
Une pluie de photo avec les titas, les enfants et Mamita ont été prises afin de mémoriser nos derniers instants tous ensemble, en famille. Evidemment, l’émotion était à son comble, nos larmes se sont mêlées et nous échangions nos derniers aurevoirs avec la promesse de nous revoir un jour…
Dernière ligne droite
La signature
C'est à l'issue de ces 4 jours de découvertes culturelles passées à Siquijor en compagnie de notre hôte Modesta que nous revenons au village en une heure tardive. Notre dernière ligne droite s'étalant sous nos pieds, nous comptons bien la mettre à profit. Après tant de mois passés au sein de la communauté, nous nous rendons compte que nous entamons notre dernière semaine, et que de nombreuses tâches requièrent encore notre attention. Notre tâche principale s'axe sur la production du vinaigre de nippa. Maintenant que nous avons trouvé un fournisseur de bouteille, mis au point l'étiquette et trouvé la recette type, il nous faut mettre le vinaigre dans les récipients. Par ailleurs, encore de nombreux paramètres et questions concernant notre Business social Fine Needle reste à être élucidés, notamment en matière de coûts et de renouvellement des commandes afin de pérenniser l'entreprise. Enfin, il nous faut préparer notre dernier projet : l'organisation d'une soirée "Talent show".
Cette soirée consiste à appeler les habitants du village à dévoiler leurs talents sur scène. Les Talent show, à l'égal du karaoké, est une coutume répandue aux Philippines. Né de la conviction que chaque personne possède un talent, ce projet est pour nous le meilleur moyen de clôturer notre séjour. C'est après les premiers cri des coqs du village et les échos des premiers marchands de poissons frais ambulants que nous nous levons. Tandis que Lea G et Vanessa se penchent sur les problèmes liés à Fine Needle, Damien et moi-même partons vers le marché local, à bord d'un trycicle flambant neuf.
Dès notre arrivée, nous sommes interpellés par un groupe de chauffeur de tricycle que nous connaissons bien. C'est au détour d'un discussion brève que nous nous enfonçons dans les ruelles peu éclairées du marché couvert, nous laissant guider par les odeurs atypiques de ce lieu. La liste des ingrédients types du vinaigre de Nippa étant importante, nous passons d'une étale à une autre en achetant ce qui nous est nécessaire. C'est après avoir déambulé dans l'intégralité du marché et après avoir compté 1500 piments un par un que nous rentrons au village, désireux de commencer la mise en bouteille.
L'après midi fut consacrée à Fine Needle. Il semble que les coûts de production sont toujours trop élevés concernant certains produits et la marge trop faible. Il nous faut alors revoir l'ensemble des prix de vente de nos produits. Cependant, cette mauvaise nouvelle étant accompagnée d'une bonne nouvelle, nous apprenons qu'une prochaine commande a été demandé et nous décidons de préparer la facture relative à celle ci.
Sasa
Dès 9h, nous voilà tous assis autour de la table de la fameuse Bamboo house, attendant les Titas afin de commencer la mise en bouteille. Dès leur arrivée, nous répartissons les tâches de chacun afin d'être les plus productifs possible. Tandis que je m'occupe de découper les oignons, Damien et Reylinne s'occupent de décortiquer les gousses d'ail. En face de moi se trouve Margie et Jezzel, couteaux en main et toujours accompagnées de leur légendaire sourire, prête à en découdre avec le gingembre. Pendant ce temps, Vanessa et Lea G ont la tâche de mettre dans les bouteilles les premiers ingrédients préparés. La tâche étant longue est fastidieuse, il nous fallut 4 longues heures avant de terminer la préparation et la mise en bouteille des ingrédients.
Nous voilà enfin à la consécration de notre projet : le versement du vinaigre brute dans les bouteilles. C'est Lea G, armée de sa précaution très caractéristique, qui s'en charge. Soulagés de voir le projet fini, nous prenons un petit moment pour apprécier le résultat et en profitons pour faire une photos avec les Titas.
"Laissez votre talent s'exprimer"
Plus que 2 jours avant le talent show. Vanessa pointe du doigt le manque de temps avant l'événement. Nous avons toujours pas acheté les cadeaux des participants et notre chorégraphie, censée ouvrir le bal, est loin d'être terminée. Damien et moi-même, chargés de trouver les récompenses, partons en direction du centre commercial le plus proche, tandis que les filles préparent l'événement pour éviter les mauvaises surprises le jour venu.
C'est après 40 minutes de Jeepney, bercés par le bruit du moteur et les remous du trajet, que nous arrivons encore endormi au centre commercial. N'ayant pas vraiment d'idées précises de cadeaux, nous cherchons dans chaque magasin des idées intéressantes. En plus des récompenses accordées aux participants, nous voulons offrir au village un dernier cadeau.
Les fournitures scolaires étant chères, peu de personnes du village peuvent s'offrir le luxe d'en acheter. Ainsi, nous avons décidé d'offrir à chaque enfant une pochette comprenant l'ensemble des produits de base nécessaires : crayon à papier, stylo, carnet, règle, taille crayon... Une fois avoir vidé l'intégralité des stocks du magasin, nous repartons, content d'avoir trouvé en bonne quantité les fournitures que nous cherchons mais anxieux de voir qu'aucun cadeau du talent show n'avait été acheté.
De retour au village avant la nuit, nous décidons de mettre notre dernière heure de la journée au profit de l'apprentissage de notre chorégraphie.
Le jour suivant fut rythmé de la même manière que celui qui précédait. Nous repartons, Damien et moi-même, en direction du centre commercial, mais cette fois ci en possession de la liste des participants. C'est dans une humeur chaleureuse que nous trouvons tous les cadeaux et repartons prêt à organiser cette fameuse soirée.
La signature
Nous voilà plus que 4, Léa B nous a quitté hier pour rejoindre notre patrie. Mais pas question de laisser tomber les projets entrepris. Nous avons respecté notre rétro-planning et nous pourrons donc achever toutes nos missions dans les 19 jours qu’il nous reste. Après discussion, nous pouvons même nous payer le luxe d’entreprendre d’autres projets. Nous devons organiser le talent show qui marquera la fin de notre belle aventure. Force est de constater que nos futures adversaires sont déjà à l’entrainement il faut que nous nous y penchions sérieusement sur le sujet si on veut éviter l’humiliation.
Avant toute chose il nous faut récupérer nos passeports laissés 3 jours plutôt au bureau de l’immigration de Manille afin d’étendre notre Visa touristique. Voilà chose faite. Une fois sur place, nous arpentons le quartier de Divisoria au sein duquel se dresse le plus grand marché du pays. C’est ici de que se rassemblent des milliers de petites échoppes proposant tout ce que le monde a à nous offrir.
Lors de nos entretiens avec nos potentiels partenaires pour distribuer le linge de maison, nous avons souligné 2 grands problèmes. Le manque de choix en termes de tissus et pour certaines pièces les prix étaient trop élevés par rapport à ceux du marché. Or nous nous trouvons à l’endroit même où convergent toutes les marchandises du pays avant d’être diffusées dans les différentes provinces de l’archipel. Nous avons donc l’opportunité de trouver le plus large choix possible de tissus à un prix nettement inférieur à ceux pratiqués dans notre marché local. Nous pourrons donc considérablement élargir notre offre dans l’espoir de séduire un maximum de revendeur.
Aujourd’hui nous devons nous séparer pour remplir les objectifs fixés préalablement. Léa G et moi-même nous rendons au cyber-café afin de compléter notre catalogue de produit avec les tissus dégotés la veille à Manille tandis que Tom et Vanessa travaillent sur notre soirée de départ afin que chacun se souvienne des moments que nous avons partagé. Nous allons par la suite récupérer notre commande de 100 bouteilles destinées à distribuer le vinaigre de nippa dans les grandes surfaces. Il s’agit de bouteilles recyclées, achetées à un prix plus qu’abordable. Mais qui dit recyclé dit usagé, il nous faut donc les laver de leur ancien contenu afin de pouvoir les utiliser à nouveau. Nous réalisons donc, avec Richard et Omang, une chaine efficace dans laquelle la bouteille entre sale et ressort plus propre qu’au premier jour. Chacun devant un bain d’eau, la bouteille subit 5 lavages successif avant d’être mise à sécher. Pendant ce temps, les filles retournent au marché afin de présenter nos nouveaux tissus. Nous avons bon espoir qu’en aillant écoutés les requêtes de nos interlocuteurs, nous conclurons aujourd’hui à un partenariat durable. De retour les filles ont fixé un rendez-vous demain afin de signer la facture pour 48 pièces, nos nouveaux modèles semblent avoir du succès.
Nous devons à présent acheter le vinaigre de Nippa afin de remplir nos 100 bouteilles mais avant toute chose, nous devons coller les étiquettes sur chaque pièce. Mais au fait, comment coller une feuille de papier sur une bouteille en verre ? Il existe une solution, aussi surprenante soit-elle, un simple mélange de lait et de sucre suffit à faire tenir une feuille de papier sur du verre. C’est donc armés de patience que nous appliquons minutieusement la solution sur chaque étiquette et que nous observons la magie opérer. 2 heures plus tard les bouteilles sont prêtent à être remplies.
L’heure a sonné, nos deux commerciaux retournent, factures en mains, bien décidées à conclure la vente. Tom et moi restons au village afin de travailler sur la communication de l’association. Nous souhaitons bien sûr que les filles concrétisent ces trois mois de travail. L’attente est insupportable, nous sommes pris de sueurs froides lorsque l’on voit les filles marcher tête baissées à travers les champs de maïs. Et d’une voix rassurante elles nous confirment la signature et l’avoir laissé par notre collaborateur. Mais elles nous présentent par la suite une seconde facture destinée à être signée en fin d’après-midi. La machine est lancée. Nous pouvons désormais annoncer la nouvelle à nos Titas et partir l’esprit libéré retrouver la famille Gunther aux Visayas.
Les affaires reprennent
Apres nos péripéties de Mindoro nous voici de retour au village pour la poursuite de nos projets et pour ma part ma dernière semaine au village. Pressés de relancer nos projets nous entamons notre samedi par la commande de la Bambou house avec Richard. Nous comparons les huttes d'abord trop petites ensuite trop simples, nous trouvons enfin notre bonheur: une belle hutte avec ornements, banc sur tout le pourtour, table et même bibliothèque pour une somme plus modeste. Notre choix est fait ! Cette hutte fera le bonheur de notre village et surtout des enfants. Elle est réservée et arrivera samedi prochain !
Place à notre nouveau ou devrais-je dire ancien projet : le vinaigre de nipa. Il s'est fait attendre, il a été source d'incompréhension mais comme tout arrive à qui sait attendre, le voilà en cours de production. Nous nous rendons au site de collecte pour commander la jarre nécessaire à nos recettes. Très professionnel il nous estime la livraison à dans quelques jours et nous fournis un échantillon pour faire nos tests.
De nouveau, nous enchaînons sur notre entreprise Fine needle et sur la recherche de revendeurs.
Fine Needle et la prospection
Nous avons pris bonne note des retours fournis par les revendeurs que nous avions prospectés et allons de nouveau modifier le catalogue au cybercafé. Désormais habitué à nos visites quotidiennes le gérant nous allume notre ordi à peine la porte franchie. Les conseils vont nous permettre d'adapter notre support de prospection à notre offre. En effet nous proposons des linges de maison adaptés aux produits de nos revendeurs. Par exemple les housses de coussins seront en fonction de la taille et la forme des coussins vendus. Par ailleurs notre client peut choisir son design et son tissu en fonction d'une liste préétablie. Cette valeur ajoutée est possible grâce à la commande en grosse quantité qu'il réalisera, nous permettant de négocier avec notre fournisseur.
Notre catalogue doit donc nous servir à proposer et illustrer nos différents choix de designs et de tissus. Nous avons trouvé notre fournisseur final, il se situe à Divisoria et propose des prix faibles nous permettant d'augmenter notre marge. Les titas l'ont trouvé lors de leurs premières commandes de rideaux réalisés pour leurs connaissances. Ce sont ces derniers que nous avons pris en photo pour l'ajouter à notre catalogue. Plus motivées que jamais à trouver un revendeur régulier à nos titas nous retournons au marché public présenter notre catalogue aux vendeurs. Après nos multiples tentatives au cours de ces dernières semaines nous nous dirigeons d'une manière plus assurée, mais notre tournée à vite été plus surprenante que prévue.
Tout d'abord après avoir demandé le marché public et monté à bord de notre tricycle, notre chauffeur nous demande avec curiosité si notre tournée de conversion avance bien. Perplexes nous l'interrogeons sur le sens de sa question, nous sommes ainsi heureuse d'apprendre qu'avec notre catalogue sous le bras , nous avons la réputation de mormons. Après ce premier choc et une fois arrivées nous descendons du tricycle pour nous retrouver dans un lieu inconnue, nous cherchons notre chemin, revenons vers le tricycle, certaines d'être au mauvais endroit et lui certain d'être au bon. Non démoralisées mais tout de même perdues nous décidons de prospecter quoi qu'il en soit ce nouveau marché. Après un passage éclair dans une échoppe qui nous arrête à cause de l'incompréhension de l'anglais, nous sommes attirées par son voisin avec ses coussins, promettant une cible potentielle. Après avoir expliqué notre offre et notre catalogue nous avons la surprise de voir notre chauffeur de tricycle arriver dans la conversation, nous poser des questions pour ensuite l'expliquer aux vendeurs donnant lieu à une démonstration à six interlocuteurs. Après ce bref échange, nous avons rendez-vous avec la manager lundi prochain à 11h.
Nous continuons donc notre exploration et nous retrouvons nez à nez avec Modi! Nous étions bel et bien au bon endroit mais étions arrivées pas un angle opposé ! Nous étions rassurées par l'évidence d'être a la bonne place mais inquiètes de voir Modi acheter des tissus au marché avec son prix deux fois plus cher que notre fournisseur. Nous continuons notre prospection et trouvons une cible parfaite à l'angle des échoppes. Maintenant rodées avec notre discours: s'intéresser aux produits, expliquer notre offre avec des questions ouvertes, montrer notre catalogue et des échantillons, finir sur le gain social et l'échange de compétences possibles entre notre couture et leur compétences en vente. Intéressée par nos produits la vendeuse s'intéresse à nos dimensions nous permettant d'enchaîner sur notre valeur ajoutée et qu'avec de grosses commandes nous pouvons la laisser choisir les dimensions, le design et les couleurs. Le concept lui plaît ainsi que notre ouverture pour la laisser payer 50% comptant et 50% après deux semaines. Elle choisit ainsi 4 tissus et nous passe une commande de taies d'oreillers, de rideaux, de tabliers et de draps. Fiers de notre accord nous prenons rendez-vous pour le lundi suivant avec la facture. En quittant son magasin elle nous conseille même ses concurrents pour notre prospection, étonnées nous gardons en mémoire le potentiel client qu'elle nous indique mais préférants d'abord discuter avec les titas.
De retour au village nous sommes impatientes de partager cette nouvelle et organisons une réunion avec les titas pour expliquer la commande à venir. Elles sont surprises mais satisfaites de ce nouveau partenaire mais un manque d'enthousiasme est flagrant. Modi nous explique finalement que la production sera compliquée puisqu'elle part 20 jours dans sa famille à siquijor. Malgré la difficulté la réunion se finit avec une perspective de recrutement pour notre projet.
L'après-midi passe à une vitesse folle, Léa, Tom et Damien partent à la recherche de la bouteille de verre pour le packaging de vinaigre de nipa. Pendant ce temps Vanessa et moi regardons la fabrication d'une balançoire pour les enfants et son emplacement. Nous recherchons également des fournisseurs de bouteille mais cette fois sur Manille ainsi que toute la liste d'ingrédients possibles et imaginables pour la recette.
Au retour du reste de l'équipe la sélection de 10 ingrédients commence avec comme heureux gagnants: oignon, piment, calamensi, poivron, gingembre, ail, curry, poivre et sel. Par ailleurs on a rédigé la facture et fais le calcul en yard de chaque tissu mêlant les rideaux, draps, coussins, tabliers et draps et leurs différentes dimensions pour en faire un total.
Le lendemain Léa et moi optimisons notre dimanche en allant au centre commercial, seul magasin ouvert en ce jour du seigneur aux Phillipines, pour acheter les fournitures de notre futur hutte. Nous ramenons en jeepnay nos sacs remplis de livres pour enfants et ados, carte du monde, des Phillipines et d'Asie, une horloge pour apprendre à lire l'heure mais aussi des dessins illustrés du corps, des fleurs et même des instruments de musique. Pour les avides de connaissances deux livres de cultures générales s'ajoutent: un livre d'histoire du monde et le livre de Rizal, héros national qui luttait à travers les mots.
Le lundi Vanessa et moi repartons à nos rendez-vous mais cette fois accompagnées de Nehlia et Modi. Ils nous faut peu de temps pour comprendre qu'il y a un problème. Modesta et Nehlia prennent la relève et nous explique après un bref échange que notre partenaire n'a pas de cash en ce moment et qu'il faut attendre octobre. Elle est cependant d'accord de nous prendre des articles en attendant et les revendre dans sa boutique. Nous enchainons sur notre deuxième rendez-vous, plus grosse enseigne avec plusieurs échoppes dans le marché couvert. Intéressée par nos produits la manager nous souligne que nos prix sont supérieurs à ses fournisseurs mais que nos taies d'oreillers en format large l'intéresse en tissu coton. Après plusieurs questions sur notre compréhension de la langue Tagalog, nous prévoyons une prochaine visite avec son échantillon.
Ainsi nous arrivons à notre dernier client potentiel, une jeune et élégante vendeuse. Toujours intéressée par un partenariat, elle nous explique longuement les habitudes du marché. Toutes les échoppes se fournissent auprès d'un fournisseur aux prix inférieurs aux nôtres. Notre offre peut l'intéresser avec la possibilité d'avoir des personnages pour enfants sur les tissus par exemple. Cependant nous explique-t-elle, baisser nos prix est primordial et nous partage ses prix d'achats actuels de ses produits.
À notre retour au village une reunion en plus petit comité pour ne pas les impressionner est organisée pour discuter des différentes possibilités et marches à suivre. Premier ordre du jour: calculer ensemble nos coûts de revient de chaque produit. Ensuite nous avons discuté des prix actuels du marché, de notre marge et sur la possibilité de s'aligner. Mais cette étape nécessitait de se mettre d'accord sur le fournisseur et l'abandon du fournisseur de Naic, certes plus pratique mais beaucoup trop cher. Après plusieurs incompréhensions et beaucoup de répétitions nous nous mettons d'accord sur la réalisation d'une marge de 45% net si les tissus sont achetés à Manille. Le rabattement de nos prix va nous permettre d'agrandir notre liste de client tout en gardant une marge plus que correcte.
À la recherche de la recette parfaite
Pendant notre réunion, le reste de l'équipe est parti cherché les ingrédients pour enchaîner sur la recherche de la recette parfaite ! Au programme chacun devait réaliser deux pots, un à deux ingrédients et l'autre à trois. Nous voilà donc à nous échanger couteaux, planches à découper, oignon tranché ou à s'agiter car le jus de piment était arrivé sur notre visage. Vanessa part vers des saveurs plus acides avec le calamensi, Léa s'oriente vers une saveur plus poivrée et Tom, Damien et moi testons le gingembre. Chaque recette étant à l'unanimité composée de piment. Rien qu'à l'odeur, la dégustation s'annonçait intéressante !
Le lendemain, la famille de Léa est arrivée pour visualiser enfin notre village et rencontrer nos habitants et Mamie Mita. Curieux et enthousiastes par nos projets, ils sont ravis de prendre part à la dégustation des recettes de vinaigre de nipa avec nos titas. Nos recettes alignées et accompagnées de chips de crevettes ou poisson, le test peut commencer. Les titas s'approchent et commencent calmement par goûter un à un les recettes puis l'atmosphère se détent et part en éclats de rire avec les différents retours sur chaque recette. Certaines titas trouvent les sauces trop acides, d'autres trop pimentés ou juste pas mangeable et discutent vivement entre elles pour comparer. Curieux de connaître le goût de nos mixtures nous commençons à notre tour la dégustation et la famille de Léa se joint à nous. Place au vote : les goûts européens balancent vers la simplicité oignon, piment tandis que le goût philippin est tranché avec le calamensi, piment et oignon. Un goût beaucoup trop prononcé pour nous. Heureux du succès de l'événement nous leur tendons les pots et les ingrédients, ce sera à leur tour de préparer et nous faire goûter. Après ce test plutôt réussi nous partons montrer le baranguay de Modi à la famille de Léa.
Mercredi tous les visuels sont prêts pour finir notre catalogue et avoir tous les designs exposés facilement. Pendant ce temps le reste de l'équipe et la famille de Léa part serrés en jeepnay à Dasmarinas chercher une bouteille pour le packaging. À leur retour les enfants sont dans l'attente de jouer avec les sœurs de Léa et des parties de baskets et de badbington sont lancées.
Jeudi arrive finalement avec le dernier test de nipa pour évaluer la recette gagnante entre celles des titas. Riche en ingrédients et en goûts, les recettes de nos titas sont savoureuses et le choix est dure entre les six recettes. La recette gagnante sur les deux tours est celle de Modesta : oignon, ail, piment, gingembre, poivre et calamensi pressé. Un pur délice en bouche ! Choisi cette fois par l'équipe Magbahagi et les titas. Heureux d'avoir trouvé une recette originale qui fait consensus nous approuvons donc cette recette comme base de notre nouveau projet!
Pour ce dernier après-midi au village une chasse aux trésors est organisée avec l'équipe. Vanessa, Léa et moi partons acheter le trésor composé de jeux outdoors : ballon de basket, volley, raquettes de badbington et cordes à sauter. Ces jeux sont l'étape finale d'une chasse sur 10 challenges composés d'énigmes à résoudre pour trouver le nouvel indice. Les enfants surexcités et inspirés filent à toute allure de devinettes en devinettes pour arriver finalement avec ébahissement devant leurs jeux.
Le chef du village en profite pour faire un discours sur le partage et leur rappeler que les jouets sont à l'usage de tout le village Gawad Kalinga. La hutte de bambou arrivée et construite le jour même est terminée et nous l'inaugurons en y plaçant nos jeux et les livres achetés. La bambou house est destinée aux enfants et une reunion organisée par le village lors de notre séjour à Mindoro leur à rappeler les règles à respecter pour en prendre soin. C'est ainsi que nous voyons les enfants prendre place dans la hutte, les chaussures enlevées, avec un sourire jusqu'aux oreilles. C'est dans cette ambiance que se lance ma soirée d'adieu. Richard a pensé à tout et le karaoké est déjà installé, le chef du village amène un repas collectif et les premières chansons retentissent. Quel plaisir de danser la salsa avec Julius, voir les enfants rigoler et chanter avec Léa notre rituelle Sayong na sayong.
Il est vendredi 4 août, la date fatidique du départ et c'est avec le cœur triste mais rempli de rencontre que je repars pour la France.
Tout vient à point à qui sait attendre
Nous voilà de retour à la grande Manille. Dès notre arrivée, nous sommes attendus par Dindo, et c'est à bord de son van, aux premières lueurs du jour, que nous rejoignons notre village. Ces 20 jours nous ont permis de vivre de nouvelles expériences et de prendre du recul sur les nombreuses barrières que nous avons rencontré dans nos projets. Même si nous avons très peu parlé de nos différentes missions durant cette période, nous savions tous que personne n'avait cessé d'y penser.
C'est après un petit moment de silence, rythmé par le regard émerveillé de chacun regardant les buildings se dessiner autour de nous que nous entamons la discussion. Lea G, tout naturellement, nous fait part de notre To-do-List quotidienne. De nombreuses tâches attendent d'être réalisées ! C'est avec un enthousiasme à peine voilé que nous continuons notre discussion, hâte de retrouver notre village.
Un peu plus tard, marqués par le crissement des roues du van, nous arrivons aux abords de Naic. Pourtant très tôt dans la matinée, les échoppes en bord de route sont déjà ouvertes et le va-et-vient des philippins vacant à leurs occupations animent cette nouvelle journée. Ça y est, nous sommes de nouveau devant un cadre qui nous est familier !
Tandis que nous regagnons notre petite demeure, des têtes amicales apparaissent en travers des maisons, saluant notre retour d'un sobre signe de main ou d'un hochement de tête. Dadong, une des titas du village, nous accueille à son tour par une phrase de bienvenue en tagalog, tout en portant son célèbre blue book sous le bras.
Un peu plus tard, c'est en croquant dans un morceau d'ananas, que nous réalisons que cela fait déjà plus de 2 mois que nous avons posé le pied aux Philippines. Le temps passant à toute vitesse, nous n'avons pas une minute à perdre. Une grande partie de notre attention est focalisée sur notre activité social Fine Needle. Deux tâches importantes doivent être réalisées : la finalisation de notre plaquette présentant nos modèles et la création d'un questionnaire quantitatif afin d'éclaircir nos questions concernant nos produits
Tandis que Damien et moi filons au cyber café le plus proche, les filles profitent de la douceur matinale pour s'installer dans le jardin de Mita, un ordinateur comme seule compagnie, afin de commencer le questionnaire.
Après le repas, et en voyant le ciel s'assombrir, nous nous empressons de prendre un appareil photo, un drap blanc, et de récupérer les différents modèles déjà confectionnés par les titas afin de réaliser les photos des tissus qui orneront notre plaquette. Toute l'équipe se met alors à l'œuvre. Nous commençons par accrocher le drap blanc à une poutre dans le jardin de Mita. Une fois cette tâche réalisée, deux personnes doivent alors tenir le rideau, cachées derrière le fameux drap, les bras tendus en l'air, tandis qu'une autre personne, appareil en main, s'occupe de photographier les différents modèles. C'est avec les bras ankylosés que nous terminons le shooting photo, épuisés mais content du résultat.
Un chemin commun
Alors que les philippines est un endroit arborant de nombreux paysages magnifiques et idylliques, c'est aussi un lieu victime de pluies diluviennes et de tempêtes redoutables. Souvenez-vous, il y a déjà quelque temps, de nombreux habitants nous avait parlé des problèmes qu'ils rencontraient lors des fortes pluies. Nombre d'entre eux ne pouvaient sortir de chez eux et aller au travail sans avoir à marcher dans les nombreuses flaques d'eau qui s'amassaient sur le chemin boueux qui traverse le village. C'est sur ces dires que nous avions voulus réaliser un système de drainage d'eau qui n'avait pu voir le jour, faute de moyens. Cependant, nous n'avons pas voulu baisser les bras et avons réfléchit à une alternative. C'est pourquoi, alors que nous entamons les 2 mois de moussons les plus forts de l'année, nous avons décidé de commencer la réalisation du path way. Ce chemin, caractérisé par une succession de dalles de ciment, a pour objectif d'offrir un passage praticable aux habitants et de remédier aux problèmes de pluies.
Après avoir regardé les différents fournisseurs de dalles sur internet, Damien et moi-même partons vers Tanza, une petite localité située à 1 heure de Naic.
Après avoir relié notre village jusqu’à la station de bus la plus proche, nous montons dans un grand bus climatisé. Directement assis, nous sommes assaillis par plusieurs Philippins qui tentent de nous vendre une multitude de friandises en tout genre, voyant en nous deux acheteurs potentiels qui auraient été victime d'une fièvre acheteuse.
Le chemin se déroule sans encombre et nous arrivons devant un immense magasin vert, qui ressemble étrangement aux magasins de bricolage français. Qu’y a-t-il d'étonnant là-dedans, me diriez-vous spontanément ? Et bien il faut savoir que l'archipel des Philippines est un pays qui abrite bien plus de petits commerces que de grandes marques et la vue d'un aussi grand magasin peut nous paraître étrange, notamment après avoir côtoyé les petites échoppes très caractéristiques du paysage qui nous entourent. Après un bref regard, nous entrons dans cet immense entrepôt. En arpentant les rayons, nous tombons enfin sur notre saint graal : de magnifiques dalles sobrement travaillées mais à un prix plus qu'acceptable et aux dimensions parfaites apparaissent sous nos yeux. Damien me regarde alors avec un grand sourire : nous avons enfin trouvé ce qu'il nous faut ! Alors que nous demandons à un vendeur le temps de livraison d'une centaine de dalles, notre joie disparaît peu à peu devant sa réponse. Malheureusement pour nous, le seul fournisseur de ce type de produit aux Philippines est en rupture de stock et le temps d'attente est d'environ de 3 à 5 mois.
Déçus par la nouvelle mais pas abattus, nous reprenons la route inverse à bord des fameuses Jeepney traditionnels, nous arrêtant à plusieurs reprises devant de petits vendeurs de matériel de construction. Tel que nous le pensons, personne ne semble proposer les dalles que nous recherchons et notre expédition fût marquée par un malencontreux échec.
À notre arrivée au village, nous croisons Richard, le fameux homme-à-tout-faire de la communauté. Nous en profitons, après un bref salut, pour lui expliquer notre situation. D'un simple sourire et d'un célèbre "it's okayyyyyy", il sait nous remotiver et nous trouver une solution. "Achetez le matériel nécessaire et je m'occuperais de créer les dalles" nous dit-il avec un air sûr de lui. Connaissant ses talents hors normes dans le domaine du bricolage, nous voyons directement en ses paroles une excellente alternative. "En plus," poursuit-il, "ça devrait même vous revenir beaucoup moins chère". Il est vrai que dit comme ça, sa proposition à l'air plus qu'alléchante.
Ni une, ni deux, nous sautons sur l'occasion et prenons un tricycle pour nous rendre dans le magasin spécialisé le plus proche. Ciment, acier, sable, tout est commandé et sera livré en début de journée du lendemain. Soulagés de trouver une solution, nous sommes contents que le projet va enfin voir le jour.
Pendant ce temps, nous croisons les filles, en train de soigneusement préparer le questionnaire et de peaufiner la plaquette de sponsoring.
Bayanihan, "l'esprit de la communauté"
Le Bayani han, ou l'esprit de communauté, est un des atouts de Gawad Kalinga. L'ensemble de sa politique est tourné autour de l'entraide et du partage communautaire. Même si nous avions par le passé déjà assisté à des mouvements de solidarité, nous étions loin de nous imaginer ce qui allait nous arriver. À peine réveillé, l'ensemble de la cargaison avait été livré aux abords du village par le magasin. Il faut alors transporter de nombreux sacs de ciment et une montagne de sable du début jusqu'au milieu du village. Nous mettant au boulot avec Damien, nous sommes rapidement rejoins par quelques habitants venus nous prêter main forte. À peine un aller-retour plus tard, de nouveaux habitants se joignent à la danse. En quelques instants, nous sommes frappés par le résultat. Tout le village, sans exception, a mis de côté ses préoccupations personnelles pour aider dans cette chaîne humaine. Des enfants portant de petits sceaux sur leur vélo jusqu'aux personnes âgées transportant des sacs de sable sur leur carriole en passant par les femmes qui s'occupent de remplir les sacs de sable à l'aide de pelles. Cela m'a alors rappelé une phrase de Tony Meloto à la conférence de Pililla "Pour construire une nation, nous avons besoin de solidarité, des gens qui travaillent ensemble pour le bien commun". Ses mots prennent tout son sens à cet instant. Nous voilà une fois encore en train d'assister à une vraie leçon de vie sur l'entraide communautaire et sur la mentalité Philippine.
C'est également dans cet esprit d'entraide que l'après-midi fût rythmée. Et les premières dalles furent construites à l'aide de boîtes en bois placées de part et d’autre du chemin afin de maintenir le ciment en place.
Pendant ce temps, les filles ont eu la chance de pouvoir participer au Baby Shower organisé par Mamita pour préparer la venue de son petit-fils qui ne saurait tarder. Au rendez-vous : des gâteaux, des friandises et des plats exotiques en tout genre, de quoi réveiller ses papilles et apprécier la bonne cuisine philippine dans une ambiance festive...
"Rien ne sert de courir, il faut partir à point"
Ça y est, après plusieurs jours de travail acharné, les bases nécessaires à la création de notre entreprise sociale sont finies : la plaquette étant terminée et le questionnaire envoyé, il faut maintenant trouver les revendeurs potentiels et noter les adresses afin d'organiser notre itinéraire de prospection. C'est dans une ambiance maussade due à un temps grisâtre que l'équipe se met au travail. Tandis que je recherche les différents revendeurs aux alentours, Lea B s'occupe de nous créer un itinéraire le plus optimisé possible.
Une fois les préparatifs terminés, nous prenons la route de Villa Apolina, un quartier de Naic, accompagnés de notre hôte Modi. Après avoir crapahuté dans les dédales de Naic et avoir demandé notre chemin plusieurs fois, nous arrivons sur place. Il s'agit d'une petite rue très étroite où seul un tricycle peut circuler, le croisement n'étant pas une option envisageable. Étonnés et perplexes de ne trouver qu'une petite maisonnette blanche à l'adresse indiquée, nous osons quand même frapper. Quelques instants plus tard, une dame nous ouvre la porte. Après un bref échange sur ce qu'elle fait et ce qu'elle vend, nous lui proposons notre offre. Une expression curieuse se dessine sur son visage. Prenant la plaquette entre ses mains, elle ne tarde pas à feuilleter chaque page attentivement. Une fois l'introspection de nos modèles terminée, elle referma le cahier et le donna à Vanessa. Aussitôt, elle nous explique sa situation. Malgré le fait que la vendeuse indépendante, Myrna, soit bien présente sur le marché du textile, sa clientèle est totalement différente de la notre. Alors que les titas fabriquent des rideaux entrée-de-gamme destinés à une clientèle locale, Myrna confectionne des rideaux haut-de-gamme à destination des Etats-Unis et du Canada. Cependant, par geste de gentillesse et dans l'envie de nous aider, elle n'hésita pas à nous dévoiler quelques conseils et de nouvelles pistes de prospection.
Nous continuons alors notre route en direction de Tanza, partant à la rencontre de notre deuxième vendeur potentiel. Son adresse nous mena aux abords d'un petit baranguay reculé. Après un regard autour de nous, nous n'apercevons aucun signe d'un quelconque commerce mais notre expérience précédente nous pousse à chercher davantage, en demandant le chemin aux autochtones que nous croisons sur notre route. C'est une fois avoir traversé un chemin boueux, un champ et un terrain de basket que nous arrivons sur les lieux.
Se dresse alors devant nous un petit entrepôt verre et usé par le temps. Rien qui ne ressemble à un magasin de rideau. Où sommes-nous encore tombé ? Même si personne n'ose le dire, les expressions sur nos visages semblent trahir notre pensée. Seuls les aboiements d'un chien retentissent dans le silence des lieux. Perplexes, nous finissons par appeler le numéro présent en dessous de l'adresse que nous avions noté. Modesta, d'un signe de main, prend le téléphone et commence une discussion en tagalog. Et oui, l'adresse est bonne, mais la ville marquée sur internet ne l'est pas.
Encore une fois, nous revenons donc bredouille au village, nous questionnant sur la pertinence des adresses trouvées. Peut-être faisons nous-même fausse route concernant notre cible ? Mais ça, nous le découvrirons seulement le lendemain, après que les filles eurent longuement discuté avec Frédérick, le fils de Mita.
Changement de trajectoire
Nous voilà encore confrontés à un mur. Il semblerait que les revendeurs potentiels ne soient pas des revendeurs potentiels. C'est la remarque qui anima le début d'après-midi du mercredi. Et si nous devions revoir notre cible ? Fine Needle produit du linge de maison destiné à une clientèle locale, pourquoi vouloir chercher des clients si loin ? Naic reste une ville importante qui propose une multitude d'offres et services en tout genre. Pourquoi ne pas simplement essayer de contacter les magasins et marchés locaux ? Ces interrogations nous poussent à réorienter notre prospection vers les vendeurs aux alentours. Il était temps de planifier un nouvel itinéraire, plus simple mais certainement plus adapté à notre offre.
Un repas pas comme les autres
17 heure déjà, le van de Dindo, comme à son habitude, retentit dans le jardin. Quelques jours plus tôt, Cathy, notre superviseur GK, avait envoyé une invitation à l'ensemble des volontaires de la région pour participer à un repas organisé par Gawad Kalinga. Nous prenons donc la route à destination de Tagaytay. Cela nous mène tout droit devant un hôtel de 5 étages où se tient en son sommet le fameux banquet. Après avoir grimpé les escaliers, nous sommes accueillis par une petite dame dont l'accent philippin très prononcé donne un petit côté exotique à la scène. Une fois nous avoir présenté aux différents convives déjà présents, elle nous emmène sur la terrasse apprécier le paysage philippin et s'empresse de nous poser un tas de questions sur notre ressenti concernant son pays.
Nous sommes peu à peu rejoint par les autres groupes de volontaires et commençons à échanger sur nos expériences. Nombre d'entre eux n'étaient venu que pour 1 mois mais ont déjà vécu bon nombre de péripéties. Tandis que certains sont en train de construire une librairie pour les habitants de leur communauté, d'autres ont décidé d'ouvrir une coopérative, ou encore de développer des espaces de jeux et de détente. Plus j'entends les groupes parler de leurs projets et plus quelque chose me frappe. Même si l'ensemble des actions réalisé par les volontaires semblent n'avoir aucun point commun dans leur réalisation, ils œuvrent tous à une finalité commune : celle d'améliorer les conditions de vie des communautés. Tout le monde semble également avoir adopté les valeurs de Gawad Kalinga.
C'est au détour d'un repas étrangement européen et d'une bière locale que la cérémonie commence. Après une courte prière, c'est à l'organisateur principale de prendre la parole et de remercier l'ensemble des convives philippins pour leur dévouement. À la suite de quoi chaque groupe est invité à parler de leurs projets et de leurs ressentis au sein de leur village. On peut même remarquer le regard pétillant de fierté de Mamita lorsque Lea B pris la parole. Une fois la cérémonie terminée, nos deux Lea ne perdent pas une seconde pour sauter sur l'opportunité de parler de notre projet Fine Needle à notre superviseur, et ceux afin d'obtenir son aide et son soutien.
Rentrons dans le vif du sujet
Le lendemain matin, plaquette sous le bras, Damien, Lea B et moi-même partons en direction du marché de textile avec la volonté de trouver un revendeur. En marchant sous ce marché couvert, nous nous arrêtons devant un magasin qui semble proposer ce que nous vendons. Après un signe de main pour montrer notre présence, la vendeuse s'empresse de nous mettre trois chaises à disposition, en attendant de terminer avec son client. Une fois cela fait, elle se rapproche de nous, prête à nous écouter. Notre commerciale en herbe, Lea B, prend la parole et lui présente nos produits. La vendeuse semble tout de suite intéressée et commence à nous poser bon nombre de questions concernant nos prix, nos délais de livraisons ou encore du mode de paiement en vigueur.
Assailli par tant de questions, j'ai même l'impression de me retrouver devant un inspecteur, plongé au cœur d'un roman policier prenant.
Tiens tiens, il semblerait que nous commençons à toquer à la bonne porte. C'est le sourire aux lèvres que nous repartons, content de voir que le marché local semble être une piste exploitable. Cependant, nous ne voulons pas arpenter qu'un seul chemin. Ainsi, nous convenons qu'il est préférable de se rendre au grand magasin local, Fortune King, qui propose des produits allant de l'électroménager aux textiles en passant par les produits de beauté.
Cette fois, c'est Lea B et Vanessa qui se chargent d'y aller. Dès le pas de la porte et le motif de leur venu énoncé, elles sont immédiatement prises en charge par une responsable. Encore une fois, après avoir exposé nos offres, la nouvelle semble être reçue avec enthousiasme. Fortune King veut même passer une commande de tissu si les prix de nos produits peuvent être revu un peu à la baisse. Fière d'avoir finalement trouver un client potentiel, le duo repart, hâtif de nous annoncer la nouvelle.
"- Revenez en arrière que si cela s'avère utile."
De notre côté, Lea G, Damien et moi assistons à la réunion du village concernant les futurs projets à mettre en place. La prière étant passée, le chef du village prend la parole et nous rappelle de vieux souvenirs. "Êtes-vous prêt à retravailler sur le vinaigre de Nippa ?" Nous demande-t-il le plus simplement du monde. Dubitatif, nous nous interrogeons sur cette question. Est-ce une blague de mauvais goût ou encore une caractéristique typiquement philippine ? Alors que nous devions il y a quelques temps nous lancer dans l'exploitation d'un vinaigre de Nippa, ce produit n'était plus fabriqué par la communauté. Perplexes et méfiants, nos trois regards s'entrechoquent et semblent tous dire la même chose : "retravailler sur le vinaigre de Nippa serait incroyable, mais est ce que nous risquons de rencontrer les mêmes problèmes que ceux rencontrés par le passé ?"
Après s'être concerté, et afin de ne pas être de nouveau face à une malencontreuse incompréhension générale, nous acceptons de nous lancer dans ce projet, mais cela à plusieurs conditions. Premièrement nous devons être sûr que la production existe. Deuxièmement, nous voulons savoir si des titas de la communauté sont prêtes à s'investir dedans. Enfin, et dû à la multitude de projet déjà en cours, nous ne pouvons travailler que sur les ingrédients et le packaging. S'ensuivit alors un long débat en Tagalog, puis, 3 titas levèrent la main. "Voilà les 3 titas qui s'occuperont de tout !". Nous voilà alors projetés quelques temps en arrière. Mais espérons-le que cette fois, cela soit une bonne chose. La réunion poursuivit naturellement son cours et nous leur faisons pars des différentes activités et projets que nous souhaitons mettre en place par la suite.
Tout n'est pas terminé
Après les nouvelles de la veille concernant la commande de Fortune King, nous décidons de voir Nelly et Modi, les deux titas chargées de gérer Fine Needle. Un café ou un thé en main, nous leur annonçons la nouvelle et leur exposons la proposition du revendeur. Petit à petit, je vois le visage de Modi se durcir, des traits caractéristiques de stresse se dessiner sur son visage. "Malheureusement, le prix de vente est trop peu élevé. Si nous acceptons cette proposition, le gain sera trop maigre" nous dit-elle, à la fois contente par la nouvelle mais apeurée par sa faisabilité. Il est vrai que nous avons peut-être sauté trop rapidement sur la demande, sans en voir le maigre bénéfice final obtenu. Nous nous empressons donc de les rassurer, en leur expliquant que cela n'est qu'une première piste, et que nous allons recalculer les coûts de production et trouver une solution. Une fois la réunion finie, Vanessa s'empresse donc de prendre son rôle en main et de se plonger dans ses fiches de calcul, déterminée à trouver une alternative à ce problème.
La vie en communauté
Voilà dix jours que nous sommes revenus au village. Encore une fois, nous nous étonnons, au travers d'une discussion, de voir que le temps passe si vite. Nous laissons donc de côté nos projets pour consacrer notre après-midi aux enfants. Au programme : activité de dessin, pâtes à sel et peinture. Les filles s'empressent donc d'aller acheter tout le matériel nécessaire. Alors que tout n'était pas encore prêt, nous sommes rejoints par une lampée d'enfants impatient prêt à en découdre avec les crayons et pinceaux éparpillés sur les tables. Cris de joies et sourire aux lèvres sont au rendez-vous. Tout semble se dérouler à merveille. Cependant, le ciel s'assombrissant à vue d'œil nous rendit tous craintif que ce dernier nous tombe sur la tête. Mais il semble qu'encore une fois, la chance nous sourit et l'après-midi continua de se dérouler comme prévu.
Ça y est, il semble que notre bonne étoile brille de nouveau et nous apporte enfin les réponses que l’on attendait !
Apprendre de ses erreurs
Après cette semaine plus qu’enrichissante, nous regagnons nos humbles demeures afin de modéliser et tester toutes ces idées. Nous réfléchissons au projet le plus vite réalisable dans les deux mois et demi qu’il nous reste. En raison des nombreux tests nécessaires à légitimer les vertus de notre soin capillaire, nous nous décidons donc à exploiter le vinaigre de nippa pour en faire des vinaigrettes ou marinades originales en le combinant avec des produits simples et complémentaires. Nous souhaitons toutefois réaliser les tests de façon ludique afin de passer un bon moment tous les 5.
Le principe est simple :
Premièrement nous établissons une liste d’ingrédients de base en s’inspirant de recettes existantes, ou tout simplement au feeling.
Ensuite chacun prépare sa recette à l’abri des regards indiscrets
Troisièmement chacun déguste à l’aveugle les 5 préparations en essayant de deviner les composants et l’auteur de la poésie.
Enfin un temps d’échange afin de choisir la future star de nos saladiers.
Nous rentrons donc du marché excité avec chacun l’espoir que sa création sera élue saveur de l’année 2017. Tout est acheté, oignon, soya sauce, sel, pamplemousse… Il ne manque plus que… le vinaigre de nippa. Nous allons donc demander un échantillon de ce nectar, encore inconnu pour nous, à une de nos 7 collaboratrices dans ce projet.
Il faut savoir que l’idée d’exploiter le vinaigre de nippa nous a été suggéré par une coordinatrice de GK et non par les tittas elles-mêmes. Nous avons également compris toutes les nuances du fameux “oui” Philipins. Toutes les idées que nous suggérions aux tittas pendant les deux dernières semaines étaient approuvées à chaque fois pour notre plus grand bonheur. Mais comme disait Jean « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Nous aurions donc dû nous procurer l’ingrédient de base avant les ajouts. Nous aurions par ce biais pris conscience de l’absence totale de production de ce fameux liquide.
Qu’est-ce qu’on fait? On fait ce qu’on sait faire de mieux, on Brain Storm. Légère introspection sur les facteurs ayant mené à cet échec. La motivation au travail passe par la satisfaction, et cette dernière peut être favorisée par la réalisation d’une tache volontaire.
On convoque donc le conseil exécutif du village. Les décisionnaires de chaque famille sont là, prêts à nous écouter. Une prière plus tard nous commençons par la question à 1 millions de dollars: “Qu’est-ce que VOUS voulez faire?” La première idée serait de créer un magasin destiné à vendre des fournitures scolaires pour les enfants sur le chemin de l’école. Force est de constater, qu’ils sont effectivement nombreux à emprunter cette route, les habitants y voient une source durable de revenus potentiels. Notre rôle dans ce projet sera seulement d’apporter un généreux support financier. Après avoir défendu le fait que le développement commun d’un produit unique au village, et tout ce que cela engage (recherché de machine, matière première, packaging, communication…), serait beaucoup plus bénéfique pour tout le monde. Mais le dernier mot revient au tittas.
Après avoir débattu, une idée émerge. Il s’avère que les 7 super tittas sont d’excellentes couturières et sont donc volontaires pour dessiner et confectionner une ligne de linge de maison. Cette idée nous séduit et les tittas ont l’air motivées. Cette fois-ci il faut que ça marche.
Aujourd’hui, deuxième réunion destinée à établir les dimensions, le design et les différentes gammes du produit. Avant notre entretien nous devons avoir des idées concrètes à proposer aux tittas et inversement.
Encore une fois nous privilégierons le choix des couturières même s’ils ne sont pas toujours les meilleurs selon nos critères. L’idée est toujours de les soutenir en leur suggérant des pistes mais jamais en leur imposant nos idées.
Mamita chapote le projet et joue le rôle d’intermédiaire entre les supers nanas et nous cinq. Elle nous liste donc les principales matières à acheter pour lancer la production. Mais au vu de nos expériences passées nous ne voulons pas prendre de décisions à l’emporte-pièce. Nous nous laissons donc une journée pour évaluer la motivation des tittas. Mais après tout nous ne pouvons pas réussir sans prendre de risques.
Mita nous escorte donc pour se rendre au seul endroit où nous pouvons trouver des machines à coudre Singer 15K30 de 1924, les meilleures selon Mamita. A bord du van de titto Dindo, nous apercevons au loin les buildings familiers de la capitale, Manila nous voilà. Nous traversons un quartier rempli de petites échoppes spécialisées dans la revente d’occasion. Difficile de s’y retrouver tant les revendeurs sont nombreux et l’offre démesurée. Mais un instant plus tard, “c’est ici !” nous dit Mita. Je ne vois pas bien la différence qu’il y a avec les 32 autres magasins qui nous entourent mais nous ne pouvons qu’être confiants face à l’assurance de notre accompagnatrice.
En vrai professionnelle elle examine les machines sous toutes les coutures en marquant d’un M une petite pièce de jean fournis par le revendeur. Sur le chemin du retour nous partageons le déjeuner dans un restaurant familier de Mita. Nous profitons de ce délicieux repas d’affaire pour discuter de l’avancée du projet et renforcer la cohésion de notre équipe. A peine les machines arrivées, nous sommes ravis de voir les tittas tester à tour de rôle leurs nouveaux outils de travail. C’est avec de beaux sourires qu’elles nous adressent leurs reconnaissances. Plus de doute la motivation est bien réelle.
Le jour se lève et nous ne pouvons que constater que les choses avances et elles avancent vite. Aujourd’hui dernière étape avant le début de la production. Nous embarquons dans un tricycle accompagnés de notre hôte Modi direction le marché des tissus. Nous avançons pas à pas au milieu des centaines d’étales colorées de ce bordel organisé. Arrivé au bon, nous discutons tous ensemble du choix des tissus. Modesta expose les critères d’élégances locaux parfois bien loin de la célèbre french touch. Ici les motifs fleuris de couleurs pastel sont très appréciés. Les mêmes motifs proscrits par les plus grands créateurs qui ornent encore les intérieurs de nos grands-parents. La production peut commencer.
Aujourd’hui, jour du seigneur oblige, les tittas vont partager la paix du christ en famille et profiter de ce jour sacré pour se reposer. Demain tout commence. Nous profitons de la matinée pour dessiner les premières ébauches du packaging, logo, slogan, nom… Les propositions fusent à l’image de la motivation qui nous anime. Nous prenons bonnes notes des remarques de chacun et profitons à notre tour du reste de la journée.
Certains restent pour avancer sur la communication de l’association tandis que d’autre renforcent les liens avec notre tante Modista. Cette dernière conduit nos magbahagette dans ce qui fut autrefois son fond de commerce. Elle y vendait des produits de première nécessité et y loue aujourd’hui deux ordinateurs le plus souvent gardés par ses deux fils. Les filles profitent de ce moment de convivialité et de partage pour en apprendre plus sur l’histoire de cet ange gardien.
Jour J. Quel doux réveil que celui du bruit des machines qui tournent à plein régime sur le pas de notre porte! Pari réussi ! La production est lancée ! Nous mettons en place des groupes de travail efficace pour suivre le rythme imposé par nos titas. Nous établissons un rétro-planing de la semaine pour optimiser les journées qui nous restent avant le grand départ. Nous devons finaliser le nom, le logo et le slogan afin d’établir une plaquette pour commencer la prospection à notre retour.
Afin de s’imprégner au maximum de la culture locale, nous allons cette après-midi assister à des combats de coq. Ce divertissement, très apprécié aux Philipines, est aussi cruel que fascinant. Après nos nombreuses demandes, tito Jimmy, nous emmène jusqu’à l’arène pour nous faire découvrir sa passion. Il nous explique avec précision toutes les étapes avant la bataille. Les coqs sont d’abord présentés aux parieurs afin de leur permettre d’apprécier le potentiel physique des gladiateurs. Les dresseurs se rencontrent et décident quel sera le prochain adversaire de leur poulain en les mettant face à face afin d’évaluer leur volonté à combattre. Cette étape, peut-être la plus importante, vise à proposer un combat équitable à son adversaire. Une fois les soldats prêts au combat, ils sont armés de lames an acier d’une vingtaine de centimètres à chacune de leur patte destinée à accélérer la mise à mort. Une fois apprêté nous entrons dans l’arène accueilli en loge VIP. Lorsque les deux équipes entrent en piste, les parieurs se mettent du coté de leur coq favori tandis que les bookmakers tentent d’établir un équilibre entre les deux partis. Le combat ne débutera qu’à mise égale. Nous avons été surpris par la violence des coups que pouvait se porter les deux comatants. Le fight dur rarement plus d’une minute à cause des lésions que peuvent infliger les lames acérées accrochées à chacune de leur patte. Le coq perdant est ensuite plumé et le dresseur vainqueurs pourra repartir avec en guise de trophée tandis que la vainqueur, parfois très affaibli sera soigné dans l’arrière salle, par un vétérinaire de fortune. Le coq mettra entre 2 et 3 mois pour pouvoir à nouveau combattre. Les légendes de ce sport n’ont pas gagné plus de 15 duels, les bons ont la chance d’en disputé une dizaine tandis que les autres ne verront pas grand-chose de notre monde.
Vous soulignerez, j’en suis sûr, la tristesse et la cruauté de ce sport, mais ne jugeons pas trop vite, nous avons la corrida.
Nous devons aujourd’hui trouver le nom de notre entreprise sociale. Nous sommes souvent partis d’un simple mot auquel nous y ajoutions un mot évocateur de bonheur, d’héroïsme, ou de prospérité à l’image des entreprises sociales de Gawad Kalinga comme Golden Duck, ou encore Bayani Brew. Nous pensions qu’il sera mieux de proposer plusieurs créations aux titas afin, encore une fois, de leur laisser libre choix dans l’évolution de leur projet. Après avoir établi une liste de nom potentiel que nous présentons à Mamita, l’un d’entre eux lui évoque précisément la situation des villageois de cette communauté. Ce mot a une double signification puisqu’il décrit la bonté qui habite chacun des habitants de GK western union mais aussi la manière dont ils ont été choisi pour bénéficier des habitations bâties par Gawad Kalinga il y a 10 ans. Une fois la raison sociale établie, nous devons designer un logo rappelant les valeurs familiales et sociales de notre entreprise. Après de nombreux essais nous sommes fier de vous présenter notre entreprise spécialisée dans la création et la vente de linge de maison, fine needle.
Le retro-planning est respecté, il ne nous reste plus qu’à relancer la mairie et la nationale irrigation administration au sujet des devis de construction du pathway et du système de drainage. Agacés de constater que les choses n’avaient pas évoluées, nous décidons de nous présenter directement aux bureaux des deux administrations afin d’accélérer le processus. Nous devons absolument avoir les devis avant notre départ dans 5 jours pour les transmettre à la mairie disposée à financer une partie du projet et entamer la construction dans les plus brefs délais. Après de longues discussions, nos interlocuteurs s’engagent à respecter la dead-line et nous assurent un retour d’ici la fin de la semaine.
Lors de notre premier entretien il y a 2 semaine, le président du comité exécutif nous avais assuré que tout serait pris en charge par le bureau national d’irrigation. Une fois le devis établi nous sommes donc étonnés d’apprendre que nos fournisseurs, ayant déjà alloué ses ressources disponibles pour l’année en cours, ne financeront pas le projet. Nous devons donc assumer seuls les travaux à hauteur de 844000 pesos soit 16 000€. Alors pourquoi nous ont-ils dit cela ? Nous appelons directement Jelo un ancien élève de Mita qui était présent lors du premier rendez-vous et qui semblait déterminé à nous aider. Il nous avait bien précisé que l’intervention des ingénieurs, le dessin des plans et la rédaction du devis seront pris en charge mais en aucun cas les travaux. Cette incompréhension a causé la déception de tout un village mais nous a servi de leçon encore une fois. Nous projetons toutefois de faire appel à d’autres organismes comme l’armée ou le siège de notre ONG pour soulever des fonds et tenir notre engagement vis-à-vis de nos hôtes. Les dessins et le devis étant déjà rédigé, les habitants peuvent aussi relancer l’irrigation l’année prochaine lorsque que l’état aura débloqué des fonds prévus à cet effet. Nous gardons espoir pour qu’un jour les habitants de GK Western Union puissent se déplacer dans des conditions descentes.
Dernier jour avant notre départ. Nous souhaitons organiser un moment d’échange culturel et de convivialité autour d’un repas concocté par nos soins. Au menu une cuisine simple mais française, gratin dauphinois, omelette, quiche lorraine, croque-monsieur… Mais comme à notre habitude, tout ne peut pas se passer comme prévu. Nous avons surestimé la capacité du four mis à notre disposition pour nourrir 50 personnes. Après avoir préparé toutes les bases nous nous armons de patience et attendons que les mets cuisent un à un. Six heures plus tard nous pouvons commencer le service. Nous sommes ravis de voir que tout le monde a répondu présent mais inquiet à l’idée qu’il n’y en ai pas assez. Mais finalement certains se resservent d’autre sont repus, nous avons réussi. Un karaoké a été mis à disposition pour animer la soirée, nous pouvons à notre tour profiter de ce moment pour discuter, danser, rigoler avec nos invités. Nous partirons demain satisfaits de nos initiatives et heureux d’avoir partagé ce moment de bonheur avec nos amis.
Voyage enchanté à la ferme
La fin de notre second bayani challenge touche à sa fin. Totalement différent du premier, cela nous a permis de réfléchir à notre projet de développement du vinaigre de nipa produit par les habitants. Les rencontres et discussions avec d'autres communautés GK nous ont permis d'avoir une vision plus détaillée des différents livelihood programs déjà existants dans d'autres villages. Concernant notre projet, un point est essentiel pour nous. Nous ne voulons pas réfléchir et développer un projet en fonction de ce qu'il nous semble être bien pour eux et de mettre en place une activité économique basée sur le fonctionnement français. Nos expériences passées nous ont montré que les Philippins ont une façon de faire et d'agir totalement contraire à la notre. Ainsi, nous avons voulu élargir nos connaissances et comprendre le système économique Philippin et les méthodes de développement propres aux entreprises sociales d'ici. C'est pourquoi, après le Bayani challenge, nous avons décidé de nous rendre à la ferme enchantée, un centre de développement d'entreprise social GK qui s'apparente à un incubateur géant.
C'est sous le tumulte des routes rocagneuses Philippines que nous nous apprêtons à rentrer dans ce lieu atypique et utopique. Dès notre arrivée, nous sommes impressionnés par la grandeur des lieux. Cet endroit, de 45 hectares, possède et accueille une multitude d'activités et lieux en tout genre. De l'université Seed qui accueille et forme des étudiants de communautés GK à l'entrepreneuriat social, en passant par les bureaux de nombreuses entreprises sociales tel que Golden Duck ou Bayani Brew, jusqu'à la communauté GK installée dans l'enceinte de la ferme enchantée.
Chaque interne est accueilli par Louis, un ancien stagiaire français qui est tombé amoureux des Philippines et qui a décidé de rester. Son rôle est de s'occuper de l'intégration des nouveaux stagiaires et de les épauler au mieux durant leur séjour dans ce lieu. Malheureusement pour nous, cet ancien stagiaire étant rentré en France pour quelques mois, nous n'avons pas pu bénéficier de cet accueil mais avons tout de même été pris en charge par le personnel de l'accueil, un petit kiosque transformé également en "souvenir shop" proposant un panel de produits fabriqués par les entreprises sociales que GK soutient.
Une fois installés, nous avons décidé de profiter de cette première journée ensoleillée pour découvrir les lieux et en apprendre davantage sur la vie communautaire et sociale de cet incubateur. Dès notre arrivée, une chose nous a particulièrement frappé. La ferme enchantée accueille une grande diversité d'entreprises sociales en tout genre proposant des produits tout aussi variés qu'intéressants. Cependant, l'ensemble des entreprises suit des valeurs communes. D'une part, chaque entreprise est dite social, c'est à dire que le but poursuivi par la création d'une entreprise n'est pas uniquement d'obtenir du profit mais de répondre à un réel besoin social, tout en assurant sa pérennité.
Chaque entreprise est fondée sur la devise même de Gawad Kalinga : Walang iwanan - ne laisser personne au bord du chemin -.
Notre tour d'horizon commence par la visite d'un grand bâtiment disposant d'un dôme imposant en son sommet. Aux allures modernes, cet établissement reflète la volonté de Tony Meloto de reconstruire une nation riche et prospère et cela par la formation. Conçu pour être une université, ce bâtiment accueille les Seed, une école d'entrepreneuriat social créée par Gawad. Les nombreux étudiants en son sein ne sont qu'autres que des étudiants appartenants à différents villages GK des Philippines. Son but est de les former à l'entrepreneuriat social. À l'issu de leurs 2 ans d'études, ces étudiants ont 2 possibilités : soit de développer une entreprise agro-entrepreneuriale basée sur les ressources et concepts de la ferme, soit de rentrer dans leur village pour développer des activités sociales en tout genre.
À travers cette université, Tony Meloto touche le talon d'Achille des Philippines. Souffrant d'un côté d'un nombre grandissant d'élèves et de l'autre d'une pénurie de professeurs, l'éducation est devenue un point sensible et un frein pour le développement de ce pays.
Grace à cette école, GK souhaite développer les compétences des philippins pour être porteur de changement.
Un peu plus loin, nous apercevons le Berjaya Garden, ou plus communément appelé la cafétéria des internes. Cette entreprise sociale utilise les ressources de la ferme pour concocter des menus succulents. Entreprise fraîchement créée, elle emploie essentiellement des Seeds, mais aussi des habitants de la communauté GK de la ferme.
Nous continuons notre route pour arriver aux abords de la communauté GK, qui, de part ses couleurs typiques et colorés, rendent le paysage pétillant et accueillant. Habituées à voir des internes, nous sommes étonnés de voir les nombreuses titas nous interpeller et nous demander nos noms, pointant du doigt le fait que nous sommes nouveaux. Après une brève discussion avec ces dernières et une fois avoir échangé nos noms et la raison de notre venue, nous poursuivons notre visite pour nous enfoncer dans les coins un peu plus reculés de la ferme. Malgré le nombre important de familles, des Seed et du personnel GK, seul le bruit des feuilles et la caresse du vent nous entourent.
Un peu plus loin, sur notre droite, se trouve un écriteau : FVU garden et bamboo palace. Intrigués, nous décidons d'y faire un tour. Après avoir traversé un jardin peuplé d'une végétation sobrement étendue, nous arrivons au fameux bambou palace, entièrement fait de bambou, comme son nom l'indique. Son style asiatique donne une impression de calme et de sérénité, mais également une impression de grandeur qui nous fait sentir petits mais apaisés. Dans le grand hall, nous apercevons à notre droite un groupe d'étudiants en pleine discussion, assis à côté de la mare accolée au palace. C'est ici que les étudiants viennent se ressourcer après une dure journée ou pour réfléchir à leurs projets de création d'entreprise sociales, les jambes pendant au dessus de l'eau, le regard perdu dans les nénuphars qui recouvrent l'eau verdâtre de la mare. Notre avis est unanime, ce lieu de paix est un endroit rêvé pour la méditation et la réflexion.
Au détour d'un chemin, nous apercevons la première ferme agricole. Cette ferme cultive une impressionnante diversité de produits alimentaires : aubergine, piment, tin, menthe, canne à sucre, tout y est représenté.
Notre première journée terminée et contents d'avoir pu découvrir le décor de la ferme, une bonne baignade dans la fameuse piscine à débordement s'impose. C'est tout naturellement dans l'eau, avec une vue imprenable sur les rizières, que nous débriefons notre journée et préparons avec un enthousiasme à peine voilé notre deuxième journée. Nous sommes par la suite rejoins par une interne, Marie. Etudiante aux Maristes, elle nous raconte ses 4 mois passés au sein de son village. C'est à travers une voix nostalgique qu'elle nous parle des projets qu'elle a mis en place et les liens forts qu'elle a créé avec les habitants.
Le lendemain matin, c'est le sourire aux lèvres que nous dévorons notre petit déjeuner. Malgré avoir passé un mois à déguster les mangues de mamie Mita, nous sommes surpris par le goût onctueux des mangues de la ferme. Comme quoi, peut être que le terme "enchantée" n'est pas là par hasard...
Après notre discussion de la veille avec les internes, nous avons décidé de nous diviser en 2 groupes afin de pouvoir optimiser notre apprentissage à la ferme. Anna, une interne venant de Singapour, s'était joyeusement proposée de nous présenter les grandes entreprises sociales de ce lieu. Ainsi, Lele et Vanessa se firent une joie de l'accompagner dans cette aventure. Cela leur a permis de rencontrer les titas de Plush and play, une entreprise de fabrication de peluche en forme de fruit. Ces dernières leur ont expliqué le fonctionnement organisationnel de l'entreprise et ses valeurs. Elles ont également pu récupérer les coordonnés de nombreux partenaires et fournisseurs potentiels.
De notre côté, Lea, Damien et moi avons assisté à une conférence des Seed. Tout au long de leurs 2 ans d'études, les étudiants doivent développer un projet de création d'entreprises qu'ils présentent devant un jury. Lorsque nous avons appris la présence de cette conférence, nous n'avons pas hésité à nous jeter sur cette chance. Lors de nos différents brainstormings passés sur notre projet de création d'une activité sociale, de nombreuses questions subsistaient. Comment les philippins voit-il l'entrepreneuriat ? Quel est pour eux la signification d'une entreprise sociale ? Tout le monde parle d'entreprise agro-entrepreneuriale mais qu'est ce que cela veut dire exactement ? Tant de questions qui restaient sans réponses. Cette conférence était pour nous le moyen rêver de comprendre comment les Philippins voient la façon de créer une activité. Différents groupes d'étudiants se sont succédés, présentant des projets plus impressionnants les uns que les autres. Tandis qu'un groupe voulait redorer le blason de la glace en y apportant une plus value et en améliorant ses côtés gustatif et qualitatif, un autre groupe a décidé de réinventer un produit typique tel que le Puto ni papa, un gâteau à base de pâte de riz.
À l'issu de la conférence, nous tentons d'approcher un membre du jury, pleins de questions en tête. Timidement, de peur de déranger, nous demandons au membre le plus proche de nous éclairer sur quelques points. Malgré nos nombreuses questions, une surpassait toutes les autres : quel est pour eux la signification d'une entreprise agro-entrepreneuriale.
"Chaque projet des Seed doit avoir cette approche agro-entrepreneuriale, c'est à dire d'exploiter les ressources du sol. Pour nous, la vraie richesse sous-exploitée des Philippines se trouve sous nos pieds" nous répond t-elle le plus simplement du monde.
Une deuxième question s'ensuivit : " est ce que les entreprises sociales que GK épaule sont-elles toutes tournées vers cette vision d'entreprise sociale ?"
- "notre but, tout comme notre devise est de n'abandonner personne derrière. Il existe différents types d'entreprises sociales mais chaque projet doit prendre impérativement en compte cet élément. Comme vous l'avez vu, certains groupes d'étudiants ont décidé d'apporter leur touche sociale en reversant une partie de leurs revenus à des communautés, tandis que d'autres veulent considérer leurs employés comme des partenaires. C'est un aspect intégrant au business model des entreprises d'ici..."
Après cette matinée riche en informations, il était temps de mettre en pratique notre apprentissage. Profitant de la douceur de l'après-midi, nous nous sommes installés à une table et avons discuté de notre projet et de ses différents aspects.
Un peu plus tard dans la soirée, une pièce éclairée, ressemblant étrangement à une cuisine sommaire, a attiré notre curiosité. En nous approchant, une tête familière est apparue. Il s'agissait de Thibaut, un interne français que nous avions rencontré au bayani Challenge de Pililla. Devant nos visages pleins d'interrogations sur ce qu'il se tramait dans cette pièce et après un petit sourire en coin, fière de voir que son petit manège n'était pas passé inaperçu, il nous invita à rentrer dans la pièce. Cette pièce, sobrement colorée, était peu meublée. Seul un plan de travail séparait le petit frigo blanc qui se trouvait sur la gauche de la gasiniere de droite. "Avant, je travaillais pour Plush and play, mais après avoir rencontré Jason, j'ai décidé de l'aider dans son projet" s'exclame t'il en désignant d'un signe de la main le Seed assis à côté de lui. Thibaut s'est lancé dans la fabrication de fromage de chèvre à base de basilic et d'ail qu'il vends aux différents événements GK. "Ce qui est incroyable, poursuit il, c'est que je ne savais même pas comment faire du fromage avant d'arriver ici". C'est après avoir rencontré une ancienne interne ayant débuté le projet avec Jason quelques mois auparavant, que Thibaut eut envie de poursuivre cette aventure.
Nos découvertes et rencontres à la ferme enchantée nous auront permis de trouver des solutions à de nombreux freins à notre projet, particulièrement vis à vis de leur conception et de leur vision d'une entreprise agro-entrepreneuriale.
La richesse des pauvres.
C'est parti pour notre deuxième bayani challenge !
Soleil levé, yeux légèrement fermés, nous montons dans notre jeepney. Munis de nos gros sacs à dos nous enjambons nos amis du village pour arriver au fond de cette ferraille. Autour des rires de nos titas nous entamons un jeu de carte sous le regard de notre hôte Modista. La voiture démarre, le moteur grogne mais le son est paisible. Nous sommes serrés mais bien installés. Cette voiture en a des histoires à raconter sur ses passagers depuis la seconde guerre mondiale... Plusieurs minutes se sont écoulées jusqu'à notre arrivée à dasmaridas. Nous restons tranquillement dans la voiture en attendant que la messe se termine.
Enfin, mamie Mita comme à son habitude attrape notre bras pour nous emmener dans notre nouvelle petite maison pendant 3 jours. Nous y déposons nos affaires.
Le village a été financé par le gouvernement allemand. Il est très coloré mais les couleurs semblent plus foncées et régulières. Le financement a permis de faire des maisons plus richement équipées que ce que l'on a pu voir auparavant. Il n’y manque pas d’espace. Des routes spacieuses traversent les nombreuses terres cultivées. On pourrait y voir un joli quartier résidentiel. Une belle cabane de bambou borde la cour principale. Un homme bien portant y est assis et nous fait signe. Nous entrons timidement. Un très bon petit déjeuner nous attendait sur la table principale. Pinta (ananas), riz, Adobo, poulet, œufs et bacon sont de la partie. Sans se faire prier nous dégustons ce gouteux festin. Une fois ravitaillés nous sommes au top de la forme pour commencer le chantier.
Une cinquantaine de philippins se hâte au travail. Nous observons des femmes réaliser une chaîne humaine avec des seaux remplis de ciment. Des rangers de murs se dessinent. Le processus est simple. Des tranchés sont tout d'abord creusées dans la terre pour solidifier la future maison. Puis le ciment est appliqué afin que la première ligne de brique soit disposée. Le ciment est renouvelé. Les titos sont très minutieux. Le niveau doit être parfaitement droit et exact. Ils disposent d’une précision incomparable. Casquette sur la tête je brandit une pelle et commence à creuser. Sous cette chaleur étouffante les forces sont multipliées. Heureusement les philippins font plusieurs pauses et le repas approche à grand pas. Autour du buffet sous cette hutte VIP nous partageons un chicken- fish avec plusieurs visages peu familiers. Nous discutons librement sur nos ressentis, inquiétudes et projets dans notre village de Cavite. Nous échangeons nos souvenirs de vacances et demandons pour nos futurs days off les plus beaux endroits des philippines. Un homme assez discret ne nous semble pas inconnu, il participe joyeusement à la conversation. On le questionne sur sa vie, son travail, l'ambiance est cosy. C'est stupéfaits et gênés que nous découvrons qu’en réalité cette homme caché sous sa casquette est le CEO de gawad kalinga. Le malaise est présent, mais nous enchainons directement sur un milliard de questions sur son ONG. Amusé, il nous répondit volontiers. Le débat fût passionnant. Quel personnage extraordinaire.
Léa entame la conversation. J'ai une question : " comment êtes-vous entré dans GK?" "J’avais 17 ans, nous avons travaillé main dans la main avec le fondateur Tony Meloto pour construire le premier village GK" A la fin de ses quelques mots, il nous présenta un de ses amis. Son histoire est, comme la plupart des villageois, lourde et douloureuse. Il a été admissible dans le premier village car autrefois il habitait dans la zone la plus mal fréquentée de Manille. Membre d'un des pires gangs des Philippines, cette opportunité lui a transformé son ancienne vie maintenant loin derrière lui.
"Travaille pour 5 millions et prends soin de cinq." Cette phrase résonna dans nos têtes ébahies. Voici le mot d'ordre de José Luis Oquinena (executive director). En travaillant pour 5 millions de personne n'oublie jamais les 5 proches qui t'entourent.
Il enchaîna :"Gawad kalinga bénéficie d'une grande générosité des uns et des autres car quand les membres de cette ONG (hautement placé ou non) se présente, il ne parle jamais en leur nom mais toujours au nom de la communauté. Cela permet de nous rassembler, de ne jamais faire de différences des uns et des autres." Nous avons déjà été surpris de cette générosité infinie de la part de tous les philippins. Ils n'attendent aucune contrepartie, seulement de la considération.
Un jour Monsieur Oquinena est allé voir un riche philippin propriétaire. Il lui a demandé ses terres gratuitement pour construire des nouvelles maisons. Mais lorsque le propriétaire a accepté, le CEO n'en resta pas là. Il lui proposa de nouvelles conditions. "Si je te prends tes terres il faut y construire des routes et pour ça il nous faut des fonds." Le donateur accepta et le rythme GK pouvait redémarrer.
L'objectif de gawad kalinga est de réintégrer les pauvres. Ils se sont rendus compte que les enfants n'allaient pas à l'école car ils n'avaient pas mangés de la journée. "Nous ne sommes pas experts en éducation, nous sommes experts en construction. Mais nous avons compris que pour que les enfants aillent à l'école il faut de la nourriture." affirme Tito José. Une loi est en deuxième lecture sur trois pour rendre obligatoire les cantines dans les écoles.
Une famille n'avait pas de quoi se nourrir, la maman distribua à ses enfants une branche d'épinard qu'elle divisa en trois bouts. Une portion pour chaque enfant et la dernière pour le cochon. Pour pallier à ce problème ils ont instauré le Feeding program qui a fait émerger une grande solidarité sans l'aide du gouvernement. Il suffisait de demander pour que le boucher, maraîcher, ainsi que toutes les personnes de proximité donnent. Au départ ils ont réussi à nourrir cent personnes. Aujourd'hui plus de deux millions de personnes sont nourries, il y a des cantines dans toutes les écoles gawad kalinga.
Pour cette ONG il faut trois bases pour lutter contre la pauvreté :
- Améliorer l'estime de soi
- L'estime de la famille. Le père ne se sentait pas utile, sans travail, il avait honte. Il faut recréer le lien familial.
- Renforcer l'esprit de la communauté Les plus défavorisés sont maintenant considérés. Ils peuvent s'affirmer et prendre confiance en eux. Ils font parties d'une communauté qui porte fièrement ses hautes couleurs.
Maintenant le gouvernement ne peut plus fermer les yeux, les standards doivent s'améliorer et faire des maisons dignes de ce nom pour les accueillir. La pauvreté est une étiquette, fermez les yeux quelques secondes et réfléchissez. Arriverez-vous à choisir qui dans toutes ses familles mérite plus sa maison qu'un autre ? Qu'est-ce que l’entreprenariat social ? Cette question rhétorique me laissa bouche bée. Tant de réponses sont possibles mais aucune ne pourra être parfaite. Chacun se crée son propre entreprenariat social. Mais le plus important reste le futur. "Est ce que l'entreprise dans laquelle je travaille à un but social?" Interrogeons-nous sur nos réelles motivations pour améliorer notre quotidien.
Tito ne s'arrête jamais dans son travail. Il veut continuellement améliorer l'ONG. Il recherche les meilleurs informaticiens pour lancer une toute nouvelle plateforme digitale qui aura plusieurs cibles. Les premiers lecteurs seront les communautés GK. Puis les Entrepreneurs sociaux tels que notre équipe Magbahagi par exemple, ainsi que les partenaires potentiels (par exemple il existe un partenariat avec Danone). Le plus important c'est que les partenaires sachent où sont les fournisseurs. Cette plateforme permettrait aux villages d'échanger leurs ressources et leurs matériels. Les capacités de chaque communauté seront plus visibles notamment aux yeux des partenaires.
Au même moment Tom et Vanessa échangent avec un des employés de GK qui a créé le bayani challenge en 2007. Adossé au bambou de cette hutte, il souris joyeusement. Cet événement a été créé pour venir en aide à des philippins qui ont été victimes d'un typhon. La totalité des services publics, maisons a été détruite. Ils ont appelé de l'aide aux volontaires philippins sur l'initiative de GK pour les aider à tout reconstruire. L'origine du mot de bayani challenge signifie le challenge des héros. Cela vient du fait qu'il n'y avait pas de toilettes. Les philippins devaient aller au petit coin dans la nature. Or, dans leur culture, l'absence de toilette est vue comme un acte d'héroïsme. Petit à petit et au fil des années ils ont continué le projet et ont appelés des volontaires dans tout le pays pour améliorer et développer les services publics. Il y a un bayani challenge officiel par an et par provinces. Lors du tout premier que l'on a fait, les volontaires philippins n’avaient pas nécessairement de lien avec GK. Mais d'autres événements sont créés seulement pour les village GK avec leurs habitants comme volontaires.
Notre responsable Cathy met fin à la conversation et nous nous remettons au travail. Accompagnée de Vanessa, je décide d'aller voir de plus près cette chaîne humaine. Ni une ni deux, on me passe un seau remplie de ciment et une petite main devant moi me le réclame. Lay une fille d'une quinzaine d'année me demande timidement mon histoire. Son amie Ange, très expressive et chaleureuse la coupe. Au cours de notre chaîne humaine, j'observe les courageux travailleurs disposer le ciment. Je leur propose mon aide, et c'est avec plaisir que Mandy me prend sous son aile. Le son des briques, pelles et des sceaux retentissent dans ce brouhaha de bonheur. Je me trouve à présent dans la future salle de bain où mes petites mains fragiles auront construit 6 rangés de briques au ciment. Je suis très fière d'avoir contribué au bonheur de ce futur foyer familial. 15h. Fin de la journée pour les philippins. Le soleil est notre seul ennemi, le travail sera repris demain. Au programme douche, jeu de cartes, repas puis dodo. Le lendemain nous nous remettons au travail de plus belle. Nous avons tous les mains un peu écorchées, heureusement Cathy nous a fournis des gants. Cette journée est un peu plus calme car les volontaires sont encore plus nombreux. Le buttlefigh Adobo s'est pourtant fait prier. C'est réparti pour une longue belle tablée bordée de feuille de bananiers. Mains propres et prêtes à déguster ce porcelet d'un autre village GK.
Quand les projets se lancent...
Des merveilles plein les yeux nous voilà de retour au village. Place à notre second projet et sans doute le plus important : un passage pour les habitants.
De manière unanime les villageois nous ont expliqué leur problème lors de fortes pluies. En effet le chemin de terre se gorge d'eau et les villageois doivent cheminer avec de l'eau, et plutôt de la boue, jusqu'aux genoux. La mousson arrive à grand pas, nous souhaitons donc éviter à notre village d'être immergé pour la saison à venir.
Dans cette optique et en fonction des ressources disponibles, nous envisageons un chemin de dalles permettant un passage au sec.
En France cela ne constituerai pas un projet mais une idée réalisée rapidement sans contretemps.
Il est important de se mettre dans un contexte de pays en développement, exposé notamment avec l'absence de magasin en ville et une recherche compliquée pour en trouver sur la région. La complexité se retrouve également pour l'accès à internet ou même la recharge du forfait téléphonique.
Parmi ces délais, des petits moments authentiques se dégagent grâce aux jeux avec les enfants et l'histoire du village avec Mamie Mita autour d'un sorbet mangue maison.
Elle a été un des pilliers de la fondation de ce village, c'est pourquoi il a été juxtaposé à sa maison. Cette proximité permet à Mita de s'investir grâce à ses visites plurijournalieres et ses projets qu'elle va porter jusque devant le maire. Les villageois sont ses connaissances qu'elle a réussi à convaincre d'aider à la construction du village et qui ont ainsi mérités leur place dans ses maisons colorées.
Le week-end terminé nous pouvons commencer nos recherches de partenariats.
Nous commençons par la mairie qui en l'absence du maire nous propose un rendez-vous avec tout le conseil municipal. L'échange est rapide et nous rappelle que nous parlons pour une centaine de villageois et que le projet peut devenir audacieux. Plus que jamais motivés à améliorer les conditions du village, nous nous rendons au centre national d'irrigation. À peine arrivés et notre projet exposé qu'ils nous proposent d'être accompagnés par leur équipe d'ingénieur pour qu'ils évaluent le projet. Ni une ni deux nous voilà au village à montrer les zones inondées. C'est bon le projet d'irrigation les intéresse il reviendront dans la semaine. Place au second projet : le chemin. De retour à la mairie mardi, nous prenons rendez-vous avec le maire de Naic pour le lendemain. À notre retour nous avons l'excellente surprise de découvrir toute une équipe d'ingénieur mesurant les lieux pour mettre en place deux systèmes d'irrigation. Le premier au ras des maisons pour faciliter l'écoulement de l'eau dans le village et le deuxième en haut de la colline frontalière pour protéger le village des coulées de boue. Et en toute simplicité Mamie Mita nous explique que ce sera désormais financé par le gouvernement. Quel plaisir d'avoir dressé une pierre a un édifice qui va prendre une ampleur beaucoup plus large. Nos habitants sont de nouveaux considérés. Et même plus que nos habitants. Les maisons à proximité pourront aussi bénéficier de systèmes d'irrigation ce qui nous amène à notre rencontre avec le conseil de la communauté locale. On demande les plans, les coordonnées pour faciliter tous les échanges d'informations. Mercredi rendez vous avec le maire. Intéressé par notre chemin, il nous invite à en discuter avec son équipe d'ingénieur. Une fois notre projet exposé ils nous proposent de nous accompagnés pour prendre les mesures et ni une ni deux nous voilà de nouveau au village, avec les ingénieurs mesurant la distance et la largeur pour notre chemin. Et rebelote le projet deviens plus large et financé par la mairie. Comme nous dis Mamie Mita, nous sommes des starters! Nous mettons en lien les deux équipes tout en gardant en tête qu'il faudra bien suivre l'avancée des projets.
En parallèle de ces projets Cathy notre caretaker est venue mardi pour nous exposer les missions dans ce village Gawad Kalinga. Notre objectif est clair : créer un livelihood program. Plus précisément créer un business sur le long terme pour créer des revenus au village. Nous pouvons nous appuyer sur 7 titas fabriquant du vinaigre de nipa pour lancer ce projet.
D'abord comment fait-on du vinaigre du nipa ? Accompagnés des 7 titas et du chef du village nous partons près de l'océan pour apprendre le procédé. À partir du Nipa Hut la sève est récupérée depuis la branche dans une bouteille puis entreposée dans des jars pour y fermenter trois semaines. 500L sont produits par GK chaque année.
Le vinaigre de nipa se trouve de partout à Cavité. Alors comment en tirer de la valeur ajoutée ?
Nous voulons augmenter la valeur perçue de notre produit et pour cela le faire évoluer. 2 idées se dégagent : un soin pour les cheveux et une vinaigrette ou marinade.
Tout d'abord la chaîne de distribution serait les villages GK mais nous avons le champ libre pour explorer d'autres pistes comme human nature (entreprise internationale dans les cosmétiques, partenaire de GK) pour le soin ou des commerçants bio à Manille pour la vinaigrette.
Déjà des ingrédients se dessinent dans les recettes : bière, citron, miel et meme œufs s'ajoutent au vinaigre pour le soin et piment, miel, oignon, soy sauce pour la vinaigrette. Détail plutôt plaisant, ces suggestions germent autour de délicieuses chips trempées dans du vinaigre de coco, oignon et piment servis par Mamie Mita en compagnie du chef du village. À ne pas oublier les savoureuses eau de coco apportées par le chef et la coco fraîche trouvée fièrement par Dam et mis en copeaux grâce aux ressources toujours sans faille de Mamie Mita avec son coup sûr à la machette et sa technique plus qu'efficace de grattage de coco.
Parmi tout ces délices nous ne perdons pas de vue notre objectif et apres avoir exposé nos ressources et comment les exploiter, nous cherchons la cible et le moyen de distribution. Sur un marché philippin plus qu'inconnu, nous réfléchissons en partenariats. Nous souhaitons mettre à profit notre séjour à la ferme enchantée le siège et l'incubateur de Gawad Kalinga pour développer le projet. Des recherches sur les entreprises sociales permettent de dévoiler Golden Duck qui exploite le marché sous exploité du canard et vends des œufs salés et dorés aux magasins bio du Manille riche. Human nature est une entreprise fondée par la fille de Tony Meloto le fondateur de Gawad Kalinga. Spécialisée dans les produits cosmétiques naturels avec des composants provenants des phillipines (huile de coco, verveine et citronnelle), elle s'appuie sur les communautés GK pour se fournir. Human nature s'est engagée à payer un prix éthique à ses fournisseurs et met à disposition des extracteurs pour leur permettre d'augmenter la valeur ajoutée de leur produits, ce qui évite le passage à des intermédiaires.
Ces deux entreprises vont nous servir de base pour comprendre le marché.
La semaine est passée vite et l'anniversaire de Damien est déjà arrivé ! Une journée sur la plage de puerto azul est programmé. Damien nous emmène fièrement sur son jet ski explorer les eaux turquoises aux alentours. Nous nous lançons dans un brainstorming sous les cocotiers avec cocktails et bières comme accompagnements. Notre objectif étant d'optimiser nos séjours à venir au bayani challenge et à la ferme enchantée.
Bienvenue à GK Western
Dès notre arrivée, nous avons été accueillis chaleureusement chez Mamie Mita, dynamique et toujours pétillante malgré son âge. Mita a contribué à la venue de tous les habitants dans ce village, afin de leur offrir une vie meilleure. Elle nous aide quotidiennement dans l'accomplissement de nos projets, par ses conseils et ses expériences. Après nous être installés dans le village de GK Western, nous démarrons notre première journée par un bon petit déjeuner fruité : jus de citron, ananas, petits pains et un bon café pour les moins réveillés. Notre village se distingue par ses multiples couleurs, propres à la convivialité de Gawad Kalinga. Il est agencé de manière linéaire, c'est à dire que depuis le village vous pouvez le traverser grâce à une voie centrale. Chaque maison donne sur un potager commun. Quel plaisir de pouvoir manger des mangues, bananes et noix de coco venues du jardin.
Nous étions conviés par la suite à dresser les salles de classe pour la rentrée de nos petits villageois Après avoir accompli notre tâche, nous invitions les enfants à jouer sur le terrain de basketball. Les garçons ont préféré des échanges de ballons sur le terrain, tandis que les magbahiguettes ont swingué au rythme de la macarena. Danse qui fût très appréciée. "Ate* Lea !", "Ate* Vanessa !" clamèrent joyeusement les enfants sur le terrain.
*Ate = +- "soeur".
Le lendemain, nous décidons de parcourir le village afin d'identifier les possibilités d'amélioration. Par ailleurs, propre à la démarche de Gawad Kalinga, notre objectif est de répondre à leur réel besoin. Ainsi, nous avons rendu visite à chaque villageois afin de partager nos projets et approfondir les problèmes quotidiens qu'ils souhaitaient qu'on améliore. C'est alors que nous avons défini nos projets : construire une place publique pour qu'ils puissent avoir un lieu de partage central pour contrer l'agencement linéaire du village, puis un espace de jeux pour les enfants n'ayant pas réellement de lieu pour se divertir, enfin une rigole tout au long du village afin d'améliorer l'espace piéton lors des grandes pluies.
Dans cette première semaine nous avons construit petit à petit l'espace public. Lele et les garçons se sont occupés des bancs et des tables de la place. Leoune et moi-même avons fabriqué 4 poufs à l'aide de pneus et de ficelles colorées. Tout ce projet n'aurait pas été le même sans l'aide de nos amis villageois qui ont chacun mis la main à la pâte.
Notre village se trouvant en bord de mer, Mamie Mita nous a gentiment proposé d'aller nous baigner afin de nous récompenser de notre journée de travail. Moment qui fut formidable pour nous, car c'était notre première baignade philippine sous un magnifique coucher de soleil. Après avoir reçu nos résultats, nous nous sommes retrouvés avec Ergie, Angie et Mamie Mita autour d'un jeu de cartes et d'un bon petit vin philippin afin de fêter notre passage en 4e année.
Une fois notre place finie, nous avons convié nos villageois à inaugurer leur future place publique. L'idée était de leur faire s'approprier la place autour de quelques jus de fruits. D'abord timide, la convivialité philippine s'est vite fait ressentir par des échanges sur les combats de coqs, nos projets et leur passion pour le karaoké. Heureusement Tommy avait eu la merveilleuse idée d'organiser un karaoké afin d'animer la soirée. Nous avons été ravis de voir que la soirée a eu du mal à se terminer grâce à l'enthousiasme de chacun à vouloir chanter les uns après les autres. Écoutez donc "sayong na sayong" car elle réveille toujours autant d'émotions !
Le lendemain, les magbahiguettes se sont retrouvées avec notre Mamie Mita chérie pour célébrer la messe dominicale locale. C'était un beau moment de partage rythmé par de jolies chansons !
Samedi, déjà notre avant dernier jour avant la cérémonie de fermeture du Bayani Challenge. Même si les conditions de vie ne sont pas du même confort que chez nous, nous n’avons pas vu la semaine passer, bercés par la douceur des journées Philippines.
Après avoir attendu le traditionnel temps d’attente Philippin, nous nous apprêtons à changer d’activité. Nous laissons de côté le travail manuel et la peinture et allons animer des activités pour les enfants du village. Dès notre arrivée, nous avons été accueillis par les cris des enfants remplis de joie et d’innocence. Course en sac et jeu de la cuillère sont au rendez-vous. Epuisés et fatigués par l’effort et la chaleur écrasante du midi, John nous invite à participer à l’anniversaire des soixantenaires de Pililla en compagnie du maire. Organisé dans un terrain de jeu, l’anniversaire fût rythmé par les sourires et paroles remplis de sagesse des anciens, des manchettes endiablées de notre Lele national au Volley Ball et les pas de danse folklorique de Vanessa et Léa sur le devant de la scène.
14H, à la fois content et frustrés d’avoir terminé les activités, nous avons décidé de profiter de notre demi-journée de répit avec Damien pour aller boire quelques bières au bord du lac en compagnie de Junor, un conducteur de tricycle que nous avons rencontré quelques jours plus tôt. Ne le trouvant pas à l’endroit où nous le voyons habituellement, nous avons pris la liberté de venir le voir chez lui après son invitation de la veille. Nous nous sommes alors engagés dans les ruelles du village, formés de terre et de gravats, en demandant où se trouvait sa maison. Plus nous nous enfoncions dans les sentiers de terre et plus une vision irréelle et accablante nous parvenait. A quelques minutes à peine de là où nous logions, de nombreuses familles, dont celle de Junor, vivaient dans des conditions plus que précaires. Les bâtisses, construites à l’aide de bois à moitié pourris et rongés par le temps tenaient tant bien que mal. Mais le plus dure n’était même pas de voir des cabanes aussi fébriles. Afin de profiter d’un sol dure et d’un endroit gratuit, les habitants s’étaient installés en plein milieu d’un cimetière, à quelques centimètres des tombes en rock, rendant le décor encore plus froid et macabre. Comment peut-on accepter que des humains soient obligés de vivre dans des conditions pareilles ? Qu’avons-nous fait pour qu’un peuple aussi catholique puisse mettre de côté leur religion pour rechercher un minimum de confort nécessaire à leur survie ?
Pourtant, rien ne semble perturber la bonne humeur et le sourire infatigable des Philippins, et Junor nous emmène en tricycle vers les coins les plus beaux de sa ville ; bordée de lac, rencontre avec les pécheurs...
Après cette escapade à la fois magnifique et perturbante, John nous a invité à visiter sa maison, construite après la 2eme guerre mondiale par son grand père. L’ensemble du bâtiment et les ornements avaient leur histoire : de la croix en fer imposante accrochée au mur extérieur, jusqu’aux outils d’agriculture fabriqués par son aïeul qui ornaient le mur d’entrée, en passant par l’impressionnante collection de chapeaux de paille qui recouvrait le plafond intérieur. L’ensemble de la décoration, parfaitement équilibrée, m’a immédiatement procuré un sentiment de plénitude et d’harmonie qui aurait pu apaiser le plus récalcitrant. Fidèle à leur image, l’accueil fût également des plus agréable.
Quelle semaine ! En à peine quelques jours, nous avons l’impression d’avoir vécu plus d’expériences aussi incroyables qu’invraisemblables qu’en 2 ans. Grâce à la gentillesse et la bonté de John, nous avons pu découvrir énormément de choses sur la culture Philippine. Nous n’arrivons toujours pas à nous faire à leur hospitalité si généreuse et chaleureuse. Après avoir été récupéré par notre chauffeur, nous nous rendons dans notre village la tête pleine de pensées et de questions : Comment un peuple aussi pauvre peut-il être aussi riche humainement ? Et si nous étions totalement à côté de la plaque sur notre vision du bonheur et de la réussite et que ce peuple avait totalement raison ?
Avant de tomber dans un sommeil profond, bercés par le cliquetis des roues sur le bitume et par des pensées rêveuses, nous aurions au moins appris une chose : que le bonheur ne s’achète pas, il se partage. Comme disait Carlo Goldini, « Il n’y a pas de plus grand plaisir au monde que d’être en agréable compagnie » …
Tito Jimmy nous installe à bord de son van direction terre inconnue. Encore émus par notre séjour, nos regards s’enfuient derrière notre vitre. Une multitude de pensées nous traversent l’esprit à la vue de ces nombreux bidonvilles. Le paysage défile à toute vitesse, nous croisons motards, scooter, jeepney… La circulation est très dangereuse mais Jimmy contrôle la situation.
Soudain j’aperçois de nombreux panneaux publicitaires et au loin se dessine enfin quelques buildings. Nous arrivons dans le centre de Manille.
Je jette un regard sur le GPS, nous serons à destination dans une petite heure. Tom brandit sa Gopro pour nous interroger sur nos ressentis.
Le signal GPS est perdu et une fatigue s’installe. La verdure et la vue d’un lac nous dépaysent encore. A bientôt Manille.
Le soleil couché, les freins du vannes grincent nous arrivons à Pililla.
La grande grille au couleur de Gawad Kalinga nous ouvre ses portes. « Welcome in The central school in Pililla. » nous annonce le fils du maire, John.
Epuisés, nous allons nous coucher dans notre belle petite chambre, une salle de classe. Nous avons disposé les tables de façon à faire un grand lit pour cinq. Si un jour on m’avait annoncé que je dormirai dans une école je ne vous aurez pas cru. Ils s’avèrent que c’est hyper rigolo, je vous le recommande ! Particulièrement de prendre sa douche dans la salle de classe.
Réveil 5h, direction la conférence du « Bayani Challenge ». Nous sommes 800 volontaires réunis pour construire, repeindre des endroits abandonnés et en faire des écoles maternelles, primaires, collèges et lycées. Nous sommes des volontaires pour améliorer les infrastructures de ce village sous développé.
Durant la conférence nous avons été remercié plus d’une dizaine de fois, et appelé comme étant des héros venant les aider. C’était très embarrassant car nous ne sommes loin d’être à la hauteur de ce peuple si généreux.
L’après-midi, une fois la conférence terminée, nous empruntons une jeepney pour aller repeindre le stade du lycée. Cette mission est très sympa pour nous mais la chaleur est parfois insoutenable. Notre journée s’est terminé par un jeu de carte qui nous a permis de nous retrouver tous les cinq et de débriefer encore sur nos croyances, notre ressentis et ce que nous a apporté cette journée.
Le lendemain matin, nous nous réveillons reposés. Le jetlag prend enfin la fuite…
Les ananas de Pililla sont réputés comme étant les meilleurs de tout le pays. Bien décidés à déjeuner, nous échangeons 10 pesos contre une tige. A peine croquée dans ce fruit jaune que mes papilles se sont affolées. Je ne pourrai plus jamais manger d’ananas en France. Ce goût est indescriptible, c’est un mélange de soleil, bonheur et douceur.
Hop, direction vers une école maternelle abandonnée. Toute la journée nous avons passé des couches de peintures, le rendu est extraordinaire. Nous sommes hyper contents d’avoir participé à cette mission car nous avons vraiment pu observer ce que nous avons apporté. Il est vrai que cette journée n’a pas toujours été facile notamment car ce lieu abandonné héberge parfois quelques petites surprises bestiales (Gagamba !)…
Retour 17h, nos hommes de la troupe sont allés observer un jolie point de vue non loin d’ici pendant que nous filons à la douche. Muni de savon de Marseille, je plonge ma tête sous le seau d’eau. Bonheur.
Ce soir, karaoké. Mais avant toute chose nous observons la performance d’une philippine de 5 ans chanter (presque) aussi bien que Whitney Houston. L’émotion revient. Quel talent ces philippins….
Le repas depuis quelques jours est assez léger, nous nous nourrissons essentiellement de choco bar, et de pineapple. Il y a peu de cuisinière dans les environs. Nous avons même essayé de nous rendre plus loin à bord d’un sidecar (oui nous sommes montés sur un sidecar à 5) mais la nourriture était décevante.
Réveil 10h. Nous avons assimilé le rythme philippin. Quand ils nous disent d’être prêts pour 6h c’est que nous partons à 9h.
Excellente journée en perspective. De retour dans notre Jeepney, le Bayani Challenge continue. Nous sommes affiliés dans une nouvelle école magnifique. Les couleurs de Gawad kalinga sont vraiment joyeuses. La peinture était de la partie. Nos vêtements sont tous colorés désormais.
A midi une grande table se dresse. Des feuilles de bananiers sont disposées à la suite. Puis le riz est versé, avec du poulet en sauce ainsi que des « vegetables ». Le maire est venu se joindre à notre table. Il récite la prière puis, munis de nos propres doigts nous attaquons ce festin. Les philippins mangent avec leurs doigts de manière très propre, ils ont une technique bien à eux qui consiste à pousser la nourriture avec leur pousse. Je jette un regard à Tom et Damien qui m’entourent, je suis rassurée, nous sommes tous les trois peu habile de cette technique philippine. Nous essayons tant bien que mal de manger proprement.
Les maîtresses du village nous ont emmenés danser dans la rue. Tous les ans à cette période se déroule une fête religieuse traditionnelle. Nous avons dansé à la manière vahiné sous ce concert de trompettes.
L’après-midi, les plus sportifs d’entre nous nous ont entrainés à participer à la « Race ». C’est une grande course avec plusieurs étapes challenge.
Nous avons couru 4 kilomètres sous une chaleur de 35 degré. Heureusement les étapes étaient vraiment amusantes.
- Découper un ananas à la manière Philippine et le manger (mon étape favorite évidemment)
- Ramasser le plus vite possible des graines avec des baguettes
- Construire plusieurs mini-éoliennes,
- Laver un buffle
- Ecailler un poisson
Une après-midi très éprouvante mais amusante !
Nous avons enfin rencontré notre coordinatrice Jessa qui nous a rappelé les règles de Gawad Kalinga avant que nous partions dans notre village dans 3 jours. Elle nous a annoncé que nous n’allons plus dans notre village sur l’île de Mindoro car un typhon a détruit les terres. Nous sommes assignés à un nouveau village, encore plus proche de la côte : « Naic cavite gk western union ».
Mais malheureusement nous ne serons plus sur notre île Mindoro. Nous ne pouvons pas regretter, car Gawad Kalinga met tout en place pour nous protéger et nous éviter les typhons. Notre sécurité est leur priorité.
John, le fils du maire nous a emmenés voir les éoliennes de Palilla. Le point de vue était à couper le souffle et le vent à cette hauteur était si agréable.
Merci encore John pour ta gentillesse, ton partage et ton attention pour nous.
Retour dans notre classe, les paupières sont lourdes, mais le sourire est présent. Nous attendons demain avec impatience car les journées sont chacune plus belles les unes que les autres…
Premier contact !
Après avoir été réceptionnés par Gawad Kalinga nous sommes menés vers le village de Zonta à Taguig. Joy et Sheila nous accueillent et nous hébergent. Sur les deux jours nous avons pu échanger avec les habitants du village et c’est un réel plaisir de discuter avec les philippins qui sont sans exception avenants, souriants et chaleureux.
Nos deux familles philippines nous laissent leur chambre en raison de l’insuffisance de place. Dans ce village le mari travaille l’extérieur (chauffeur de taxi, livreur de vêtement propre) et la femme reste au village mais ramène de l’argent également en revendant les produits du quotidien, des plats ou en lavant le linge pour être livrés.
Les villages GK sont fonctionnels chaque famille a sa maison avec salon, cuisine, chambres. Les filles ont eu la chance d’avoir un lit pour trois et la clim (utile sous 40°). Les garçons ont eu le plaisir d’expérimenter la douceur du sol et la fraicheur du ventilateur. La salle de bain reste sommaire avec une toilette avec un sceau et un robinet en guise de chasse d’eau qui font office de douche également. On a de la chance : 2 en 1 ! Nous avons été étonnés de la présence de télé, WI-Fi et tablette dans le village.
Le modèle philippin est assez surprenant avec par exemple l’indication d’un réveil « pas trop tôt » ou d’un départ « avant ou après midi ». La marge d’erreur reste large !
Nous sommes amplement servis de spécialités locales avec dans le même repas : poisson, riz, poulet au curry et saucisses philippines. L’envie de grignoter n’émerge même pas après un tel repas.
Les moments forts de ces deux jours restent les parties de basket et de Babington avec les enfants, la visite de la banlieue sud de Manille et l’achat au marché des provisions. Les mouches sont de la partie au rayon boucherie et poissonnerie. L’exploration du quartier a pu exposer l’existence d’un réseau Gawad Kalinga entre les villages.
Le karaoké avec les villageois a été le moment le plus émouvant. Les voix fortes des adultes comme des enfants nous ont lancé pour le reste de notre périple.
Jour J !
Nous allons, plein d’excitation, de curiosité et avec une envie de découvrir des nouvelles choses, à l'aéroport de Roissy CDG.
18h! Heure Française: toutes les routes mènent à Rome. Le vol fût court mais à l'arrivée, un peu de charcuterie italienne pour patienter.
Nous voilà donc à l'embarquement pour Abu Dhabi, la compagnie aérienne nationale nous plonge dans une ambiance orientale très appréciée. Nous avons même été reçu en français par un Stewart d'origine turc qui nous à servi comme des princes, la première classe en était jalouse.
5h! heure locale notre avion atterrit dans un nuage de sable au milieu du désert. Changement radical d’environnement avec tout de même 25°C au sol. Nous n'avons malheureusement. pas pu quitter l'aéroport pour déguster un délicieux couscous boulette en guise de brunch, mais tant pis, ce n'est que partie remise.
10h! dernière étape, la plus longue. L'avion est remplis de Philippins: Nous sommes, semble-t-il dans la bonne direction... Ouf!
1h! Arrivé à l'aéroport de Manille, certains d'entre-nous regretterons d'avoir mis des pull au départ de Paris: le climat tropical se fais vite ressentir. 2 questions nous taraudent : Nos bagages sont-ils arrivés? Dans quel état? Suspens... Les voilà les gros sacs! En bon état! Amazing. Après avoir retiré une liasse de billet inhabituelle, nous sommes conduit par Tito (oncle) Larry quelque part...
Un grand merci !
Le départ se rapproche, les derniers détails se précisent. Passeports tamponnés nous pouvons désormais officiellement partir effectuer notre mission aux Philippines !
De nombreux donateurs ont cru en notre équipe et nous ont permis de réunir une somme inespérée au départ ! MERCI. Nous allons donc développer un projet à la hauteur de cette générosité et voir les sourires de nombreux habitants.
Notre projet a fait parler de lui au sein de notre école : l’ESDES à Lyon. Notre présidente et notre vice-président ont donc eu la chance de rencontrer en personne le directeur de notre école Mr Olivier Maillard. Celui-ci a été particulièrement séduit par le projet qui s’inscrit dans sa vision du développement de l’école à long terme. Il va participer au financement de notre mission et nous permettre de nous exprimer lors de conférences pour donner un retour d’expérience à nos successeurs.
Visa en poche !
Le jour J avance à grand pas. Et me voilà à moins d’un mois du grand départ !!!! Un cocktail vitaminé d’excitation et de joie, mêlé de stress.
Les To Do List des post-it sont peu à peu validés et notre projet semble prendre forme de jour en jour. Vaccins, visite médicale, billets d’avion, page Facebook, liste des affaires à apporter : faits.
Nous sommes très heureux et fières de voir le soutien que nous portent nos proches auprès de notre projet Magbahagi ! Conseils et messages de soutien nous ont été envoyés à crescendo, ça fait chaud au cœur.
Et voilà, nous avons notre visa en poche, Youhouuu! Merci à Madame Isabelle Gunther, notre marraine Parisienne, pour sa patience et son temps accordé au sein de l’ambassade des Philippines.
Nous partons le 6 mai, en attendant nous profitons le plus possible des moments de partage avec nos amis et nos proches. Il ne nous reste plus qu’à boucler notre valise et hop l’aventure sera lancée, let’s go team Magbahagi !
Doutes et certitudes
Plus qu’un mois avant le départ. Malgré une pression continue et une peur que tout ne soit pas impeccable le jour du départ, les préparatifs vont bon train. On remarque petit à petit que le travail en amont est rude mais notre volonté de réaliser de belles choses pour cette population Philippines avec peu de moyen nous tiens en éveil.
Malgré tout, la pression monte et se fait sentir au sein de l’équipe. Nous commençons à réaliser que nous partons à l’autre bout du monde dans très peu de temps pour participer à cette aventure incroyable. Pourtant, partir là-bas nous semble si près et si loin à la fois. Nous commençons à regarder de plus en plus de vidéo de personnes ayant effectuées cette mission auparavant et de se dire que nous serons bientôt à leur place nous effraie et nous réjouit.
Et si nous n’étions pas assez prêt ? A-t-on pensé à tout ? de nombreuses questions se posent mais nous avons le sentiment que tout se passera bien !
"Nous serons sur l'île de Mindoro"
Nous partons dans un peu moins de deux mois. l'excitation est à son comble, Les vaccins dans les bras, l'assurance qui tarde à arriver, les préparatifs de bagages débutent.
C'est une belle journée ensoleillée à Lyon aujourd'hui. Le nez dans mon ordinateur je me hâte à finir quelques dossiers. Ma boite mail m’interpelle. J'ouvre un nouveau message provenant de notre responsable aux Philippines. Mon cœur se met à s'agiter devant ses quelques mots : "We are glad to inform you of your village assignment for your GK mission!".
Quelques secondes plus tard, je me trouvais déjà dans la rue à sautiller devant tous les petits commerçants. J'avais envie d’arrêter tous les passants : " Nous serons à Mindoro !!!"
Je suis tellement impatiente,il nous reste 46 jours soit 1 mois et 16 jours avant de découvrir notre village à Victoria. C'est tellement long d'attendre...
Mais ? Quoi ? 46 jours ?! Mon visa n'est pas encore arrivé! Mes rappels de vaccin ne sont pas terminés ! Mon sac à dos n'est pas acheté ! Ma trousse de médicament n'est pas encore commandée ! Notre dossier n'est pas terminé ! Oups... je crois que je suis stressée...