Magbahagi
"If you want to go fast, go alone. If you want to go far, go together."
African Proverb
Modesta Tiguman
Modesta, notre maman Philippine Modesta.
Femme d’un courage incomparable qui nous a accueilli chaleureusement le premier jour de notre arrivée au village. Toujours au petit soin, elle fera passer toujours le bonheur des autres avant le sien.
Elle nous a appris beaucoup sur la culture Philippine. Elle nous fit découvrir la meilleure cuisine que l’on pouvait imaginer.
D’un passé pourtant difficile, sa flamme ne cesse de briller.
Elle se maria et donna naissance à trois garçons. Malheureusement, le destin fut que l’un d’entre eux décéda à l’âge de six ans ce qui l’a brisa. Mais Modesta n’était pas au bout de sa peine. Son mari, pécheur, partait durant de longues périodes pour ramener des fonds suffisant à sa famille. Mais en 2000 il devient porté disparu en mer. Elle découvrit que son second fils était atteint d’une maladie rare. Il fallait trouver un revenu fixe pour couvrir toutes ses dépenses.
Modesta pris son envol pour l’Arabie Saoudite pour devenir femme de maison dans une famille d’accueil. Elle quitta ses enfants, sa culture, son identité, son statut pour trouver un revenu plus convenable et rembourser ses dettes.
Malheureusement, le destin a encore frappé. Modesta arriva chez une dame qui la maltraitait. Elle avait pour interdiction de parler à quiconque. Son contrat dura deux ans, mais les six derniers mois, cette femme refusa de la payer, Modesta ne pouvait plus envoyer son argent à ses enfants.
Elle est rentrée aux Philippines, brisée et fatiguée, mais le bonheur était immense pour elle de retrouver sa famille.
Elle décida de se prendre en main. Avec ses quelques économies elle acheta un frigidaire ou elle réussit a ouvrir un petit magasin devant chez elle vendant bières, cigarettes, vinaigre et autre produits primaires. Au fil des années, elle apprit à économiser et acheta un ordinateur. Puis, la seconde année elle en acheta un deuxième, un troisième et ainsi de suite. Son cybercafé ouvra ses portes lors de son quatrième ordinateur. Avec son petit magasin et son cybercafé, elle travailla très dur mais elle réussit a assembler suffisamment d’argent pour acheter un petit bateau de pêche.
Quelques semaines plus tard, sa tante, propriétaire d’une maison chez Gawad Kalinga tomba gravement malade. Modesta resta auprès d’elle. Ses économies ont fortement diminué, son argent se dépensa dans les frais médicaux. Son frigo s’est brisé et son bateau de pêche a besoin d’être réparé avant de naviguer à nouveau.
Aujourd’hui, Modesta devient la propriétaire de la maison de sa tante dans le village de Gawad Kalinga. Modesta est une femme très courageuse avec un rire déroutant. Nous avons eu beaucoup de chance de croiser le destin de cet ange gardien.
Jimmy Low
Notre village regorge de personnages emblématiques. Mais si je devais en retenir un, ce serait Jimmy Low.
Natif de Cavite, Jimmy est le fils d'une mère philippine et d'un père chinois. Veuf depuis quelques années maintenant , il est le père de 3 grands garçons avec lesquels il vit dans le village GK Western Union. Cependant, il veille toujours à ce qu'ils prennent le droit chemin. Travail, vie de famille, hobby, rien ne lui échappe .
Ancien pêcheur de la region, il pratique cette activité occasionnellement pour le plaisir avec son plus jeune fils. Mister Low n'a rien perdu du métier : les crevettes, les poissons et les crabes ne résistent jamais à son filet.
Il peut vous redonner le sourire en un rien de temps, de part ses Jimmy's jokes mais aussi par l'intérêt qu'il porte quotidiennement pour chacun de nous afin de nous réconforter. D'ailleurs "take à rest" est sa phrase favorite. Il vous la dira toujours avec un genereux sourire s'il sent que vous avez trop forcé sur le travail.
Il vous accordera toujours de son temps pour échanger sur les actualités du moment , de votre humeur du jour, de vos projets dans la vie... Mais aussi et surtout de sa passion pour le coq Fighting! Passion qu'il a absolument souhaité partager avec l'équipe Magbahagi.
Premières heures au village et déjà des jeux de ballon avec les enfants sont lancés. Deux jeunes, AJ et Argi, qui sont plus des enfants mais des ados impliqués dans le vie du village. AJ au allure de garçon manqué est d'une intégrité attachante. Chaleureuse et sincère il est si facile de se lier d'amitié avec elle.
Toujours partante pour des excursions elle nous accompagne volontiers à la mer où elle nous confie ne pas savoir nager. Quel moment incroyable de pouvoir apprendre à une élève si enthousiaste.
AJ se dévoile au fil des moments partagés et explique son envie de devenir criminologue mais aussi son investissement au sein de GK. Pendant ses WE elle est team leader pour faire partager les valeurs de GK au sein des plus jeunes et participe au camps organisés.
Le village profite aussi de sa motivation qui s'attaque au manque de propreté du village. Elle nettoie les déchets jetés sans attendre de contrepartie. Chacun a un talent aux Philippines et AJ ne se contente pas de jouer de la guitare mais se fait un plaisir d'apprendre à ses proches. Elle est la digne fille de notre cher Richard et a construit à l'âge de 6 ans sa maison. Avant GK elle habitait avec sa famille au complet c'est à dire sa grand mère, les familles de ses trois oncles plus sa famille dans 20 m2. Sa famille s'est investis 1500h dans le village GK leur permettant ainsi de devenir bénéficiaires d'une maison GK.
AJ a le sens de l'entraide dans l'âme et s'investis sans même qu'on lui demande à la fabrication de la place. Avec sa capacité d'analyse et son efficacité, elle représente vite un bel atout dans notre équipe. Elle nous impressionne encore dans son engouement pour le bayani challenge. On la retrouve cœur et âme à creuser les tranchées pour la fondation des maisons en construction. Elle ne s'arrête que lorsque la journée est finie et que ses mains soient couvertes d'ampoules.
Anjelina Mass
Emelita Campoy
Mamita,
Surnommée ainsi par ses congénères, Mita est la doyenne du village. Née à Naic, Cavite, il y a 72 ans, Tita Mita est toujours restée fidèle à la région qui l’a vue grandir. Gardienne du village, sa grande maison marque l’entrée de GK Western Union, nul ne peut entrer ou sortir sans le regard bienveillant de Mamie Mita, tout le monde peut dormir sur ses deux oreilles.
Mita voue sa vie à l’épanouissement des générations futures. Nous avons souvent constaté les plus jeunes porter la main de cette catholique pratiquante à leur front. Après une petite enquête, nous avons compris qu’il s’agissait d’un signe de profond respect envers la sagesse de cette vieille Dame. Par cette bénédiction, les personnes auront une vie aussi longue que celle de Mita. Dès notre arrivée, Mamita nous a adoptés comme tous les autres, tout d’abord en nous invitant à sa table, en nous aidant à trouver nos marques, et en nous présentant les personnes à qui s’adresser si elle n’était pas là.
Nous avons pu profiter du réseau de cette célébrité locale dans le développement de nos projets, ce qui nous a fait gagner un temps précieux. En effet, grâce à son ex-profession d’enseignante, Mita a le bras long. Elle a gardé contact avec ses anciens élèves qui occupent des postes administratifs à responsabilité au sein de la région. Toutes ces personnes respectent et respecteront Mita pour son parcours et son implication dans la vie communautaire, alors, dès qu'elle a besoin d’un service, elle sait à qui s’adresser. Nous avons obtenu des entretiens avec le maire de Naic, le conseil du Barangay (quartier), le bureau de l’administration nationale d’irrigation… Plus les jours passaient, plus Mita nous présentait ses « enfants » ou ses « grands enfants », ces derniers étaient parfois trop vieux pour l’être. Devant notre incompréhension, Mita nous expliqua, fière de sa blague, que toutes ces personnes étaient et sont restés ses élèves, qu’elle considère comme sa descendance. C’est donc tout naturellement que l’on peut voir Mita, hilare, taper violemment l’épaule du maire pour une bonne blague, ou le responsable de l’irrigation pour avoir été déplacé, comme autrefois.
Ce monument a voué toute sa vie au bien-être de son peuple et peut aujourd’hui apprécier et être fière de son œuvre en dansant avec ses successeurs autour d’un karaoké.
John Masinsin
Engagé en politique comme John F Kennedy, auteur philosophe à l’image de John Locke, il n’envisage pas de vivre pour ne rien faire comme John Rambo, je vous présente notre ami John Masinsin.
Si John était un adjectif, ce serait généreux. Durant notre venue à Pililla, John a pris sur son temps libre pour nous montrer les richesses de cette région, et nous a invités, sans appréhension, à la table de ses ancêtres.
Ce père exemplaire de 28 ans nous a accueillis dans son village comme de vieilles connaissances lors du Bayani Challenge, et nous avons travaillé tous ensemble pour une « meilleure Pililla ». John, fils du maire était notre mentor. Fier de sa ville et de ses origines, il nous a présenté cet endroit de la manière dont il le voyait, beau, calme, accueillant et plein de potentiel.
Alors que son frère est parti travailler en Australie, et que sa sœur consacre sa vie a l’art, John a choisi de s’impliquer à temps plein dans le développement social et culturel de sa commune en préparent dans un premier temps, la campagne électorale de son père. Ce jeune homme ne voyait pas sa vie comme ça avant d’être diplômé. Etudiant brillant, il aurait pu avoir une bonne carrière comme le reste de sa fratrie. Mais il a pris conscience des problèmes de cette ville qui accueille sa famille depuis plusieurs générations, et il a senti le besoin de s’impliquer sur le long terme pour rendre Pililla encore plus belle.
Le travail de John l’oblige à vivre loin de sa femme ou de son enfant hospitalisé puisque, pour l’instant, John n’a pas de temps pour parcourir les deux heures de route qui le sépare de sa famille. Quant à sa femme, il est difficile pour elle de venir travailler près de son mari tant les opportunités de carrière se font rares. C’est donc seul et avec un mental d’acier que ce justicier poursuit son but pour espérer un jour réaliser ses rêves.